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Joel Sistiague

Militant à Gazteriak/Haika « Jeunes Indépendantistes Basques » - Depuis 1994

Militant Antifasciste - Ipeh Antifaxista - Depuis 2012

Militant Amnistia - Depuis 2015

« On n’est pas pour de nouvelles frontières, mais pour la reconnaissance du peuple Basque, de notre identité, de notre langue et de notre culture...

 

...Si c'est pour créer un état formé sur le même modèle que les autres, je préfère rester sous l'emprise de l'état français ou espagnol, au moins on sait qui on a en face. On connaît.»

Joel Sistiague, chez lui à Bayonne - Avril 2018

Je suis de Bayonne, mais j'ai vécu à Ustaritz. J'ai une sœur. Ma mère est de St Jean de Luz et mon père de Zugarramurdi. Je viens d'une famille qui à la base est plutôt de droite. Mes parents ont été tous les deux militants au RPR. Mon père collait même pour ce parti.

 

J'ai commencé à militer en 94 quand j'avais 16 ans, par le cercle d'amis que j'avais ici à Bayonne et qui commençait à être militant. A l'époque il y avait un groupe de jeunes indépendantistes Basques qui se formait. C'était par rapport à des élections cantonales, puis après le mouvement est resté.

 

C'était un mouvement de jeunes indépendantistes mais qui regroupait plusieurs « solidarités ». Ça allait de la question Basque (la langue, tout ce qui concernait la culture basque) à la politique.

 

A partir de ce moment-là, je n'ai jamais arrêté de militer.

 

En parallèle, je faisais un BEP Peintre en bâtiment, mais pas facile quand on a le vertige.

Puis de suite après le BEP j'ai travaillé. J'ai toujours travaillé à l'usine.

L'ETA était très ancré dans les luttes de classe, très présente dans la classe ouvrière. Il y avait pas mal d'usine et étaient très imprégné là-dedans. Ils étaient près du peuple (ce qui ces dernières années était un peu mis de côté). Ils (le peuple/ETA) voulaient changer un peu la société, par des modèles de l'époque c'est à dire, Marxiste, communistes égalitaires.

 

C'était la lutte des classes qui s’opposait au franquisme. Comme le drapeau Basque était interdit dans les monuments espagnols, ils mettaient le drapeau basque. C'étaient des actions chères payées si tu te faisais chopper (arrestations, tortures et assassinats). C'était ça, montrer qu'il y avait un peuple qui résistait et qui luttait contre le franquisme.

Militer :

Au départ, c'est pas mal de réunions et de formations, après il s’agissait de coller des affiches quand il y avait des concerts qu'on organisait ou qui étaient organisés et on filait un coup de main. Après, c'était la propagande habituelle, banderoles, graf, etc.

 

Il pouvait y avoir une campagne sur les prisonniers politiques, puis une autre sur la défense de la langue basque. Ça dépendait selon des périodes.

 

En 97 il y a eu une grosse vague d'arrestations. Ils avaient arrêté une centaine de jeunes en l'espace de 6 mois. Ça avait commencé en Janvier jusqu'en Juillet.

 

Ils voyaient que le mouvement de jeunes commençait à bien s'implanter dans les universités, les lycées, etc... Ça a commencé à leur faire un peu peur et à la même période il commençait à y avoir des actions, ce qu'on appelle la « kale borroka », ce sont des actions de guérilla urbaine.

 

C'était pour dénoncer, à chaque fois que la France expulsait des militants basques. Ils finissaient leur peine en France et on les expulsait en Espagne. Avec tout ce que ça impliquait, notamment la torture.

 

Les flics anti-terroristes ont commencé à vraiment avoir peur du mouvement. Ils ont voulu mettre la pression et surtout faire peur aux jeunes qui auraient voulu rentrer dans le mouvement.

 

Dans cette période-là, il y en a 7 qui ont été incarcérés. Mais ils tapaient vraiment au hasard. Toutes les semaines, le mardi et le mercredi on savait qu'il y aurait des arrestations. J’ai subi ma première garde à vue à ce moment-là, en Avril 97.

 

Deux jours avant, on avait organisé un gros festival pour mobiliser les jeunes sur la question. Il y avait eu 6000 personnes. Un de mes meilleurs amis était en prison, du coup ils m'ont arrêté par rapport à lui. J'ai fait 48 heures de garde à vue puis ils m'ont relâché sans aucune charge. Ça leur servait à refaire leurs fichiers. A chaque fois c'était empreintes et photos.

 

Après cette première interpellation, j'ai continué à militer, mais forcément de manière un peu plus radicale.

 

La situation au Pays Basque était très tendue, notamment par rapport à Gazteriak et il y avait des procès qui arrivaient.

 

J'ai continué à militer jusqu'à une autre garde à vue où là ils m'ont incarcéré de 2002 à 2006 pour « Kale Borroka » (Guérilla urbaine).

 

Ce que l'on appelle « Guérilla Urbaine », ce n'est pas un groupe armé. Ce sont des gens spontanément qui répondent toujours après une attaque ou une agression. En fait c'est ce que Mao expliquait : utiliser des modes de résistances en milieu urbain.

 

Les chefs d’accusations étaient multiples : association de malfaiteurs avec une entreprise terroriste et tout ce qu'ils ont pu y mettre comme préparation d'actions violentes ou terrorisme (je ne sais plus comment ils appelaient ça), détention d'engins incendiaires et explosif, détention d'armes, la totale.

« Extrait du rapport d'ordonnance de maintien en détention provisoire »

C'étaient des actions contre des domiciles de policiers, de gendarmeries, des commissariats, des agences immobilières et des banques. Ce qui était et qui est toujours, le symbole de l'oppression. Pour les agences immobilières on s’en prenait au « tout tourisme », au fait qu’ils vendent tout. Le Pays Basque n'appartient plus aux Basques. C'est impossible pour un jeune d'acheter un terrain sans s’endetter pendant 40/50 ans tellement les prix ont flambé.

Prison :

Au début j'ai passé 3 semaines à la Santé puis j'ai été transféré à Villepinte dans le 93.

 

Les 6 premiers mois je les ai passés en isolement. Comme je ne parlais pas, ni ne collaborais, la juge a essayé de me casser moralement en me mettant en isolement et en me refusant des permis de visites et je ne pouvais faire aucune activité.

 

À partir du moment où tu es soupçonné de terrorisme ils te mettent sous le statut DPS (Détenue Particulièrement à Surveiller).

 

C'est un statut particulier par rapport à une détention normale. C'est à dire qu'on est constamment surveillés. A partir du moment où tu dois bouger d'un bâtiment à l'autre tu as toujours un surveillant avec toi qui t'escorte.

 

J'ai eu la chance de ne pas avoir été transféré une fois arrivé à Villepinte.

 

La prison m'a permis de découvrir d'autres cultures (au pluriel) et des gens différents, et ça m'a vraiment ouvert l'esprit puisque jusque-là, je n'étais pas beaucoup sorti du pays basque il faut dire (rires).

 

Après j'ai appris le Basque au contact des basques du sud avec qui j'étais incarcéré. De toute façon, ils ne parlaient pas autre chose. J'ai appris à dessiner, l'aquarelle, je faisais du sport. J'ai perdu 25 kilo. Ça a duré 4 ans.

 

Quand je suis sorti, je suis retourné dans mon village à Ustaritz, j'ai travaillé et continué à militer.

Famille:

C'est sûr qu'au départ ça choque un peu - surtout en sachant d’où ils venaient-, mais au fur et à mesure ils ont commencé à militer aussi, à comprendre ce que l'on revendiquait par rapport à l'éloignement et les « procès » qui étaient plus des farces, et ils se sont interrogés sur la situation du Pays Basque.

 

C'était compliqué pour eux de venir me voir vu que j’étais incarcéré à 800 km.

 

Il y a une politique qui veut que l'on soit au plus près du juge instructeur, c'est le juge anti-terroriste. Donc on doit être en région parisienne. Il n'y a jamais eu de juge anti-terroriste ailleurs. C'est Charles Pasqua en 86 qui a créé la « section anti-terroriste » et le « parquet anti-terroriste » à Paris, et depuis 86 tout est basé à Paris.

« Il faut terroriser les terroristes»

Charles Pasqua.

Vidéo: Archive INA : Pasqua (Ministre de l’intérieur) sur le terrorisme - 12 avril 1986.

C'est un but voulu, c'est une tactique de dispersion pour casser ce que l'on appelle le collectif des prisonniers. C'est comme ça que je me suis retrouvé avec des basques du sud.

 

Ma copine de l'époque venait une fois tous les deux mois, mes parents c'était pareil, tous les deux ou trois mois selon le calendrier et les moyens financiers.

Du coup c'est une double peine pour les familles.

 

Après j'avais un comité de soutien dans mon village qui m'a toujours soutenu, que ce soit financièrement ou moralement

En 2013, je suis parti à Berlin. A la base c'était pour un mois, j'y suis resté six mois. C'était l'idée d'une copine qui me disait d'y aller par rapport à mon engagement antifasciste. Il y avait les mouvements libertaires, l'autogestion, les squats, etc. C'était pour découvrir d'autres formes de militance en fait.

 

Par exemple, sur l'autogestion. Dans le squat où j'étais, on ne payait quasiment jamais la bouffe, on récupérait tout et parfois il y en avait même trop. Tu te dis « ce n’est pas possible » mais en fait si. C'est possible de vivre autrement que par rapport à ce système capitaliste qu'on essaye de nous faire croire parfait.

 

Quand j'étais à Berlin, j'ai fait la connaissance de Madrilènes et de Catalans et c’était de super rencontres.

 

Au Pays Basque, on a tendance à dire, « les espagnols se sont des connards, les français se sont des connards » alors que tu t'aperçois que non, ce ne sont pas tous des connards, il y a des gens qui pensent comme toi, qui réfléchissent comme toi. C'est pour cela qu'à chaque fois je spécifie « l'état espagnol », « l'état français » ou « le gouvernement français/espagnol », parce que ce n'est pas la même chose que la population.

Militances :

Le groupe Anti-fasciste « Ipeh Antifaxista » a été monté en 2012 parce qu'on s’est aperçus qu'ici au Pays Basque Nord tout ce qui concerne la lutte antifasciste, et plus généralement contre les discriminations comme le sexisme, l'homophobie et le racisme, c'était des luttes qui avaient été abandonnées par tous les partis politiques « officiels », même par les partis indépendantistes.

 

Dès le départ, on ne voulait appartenir à aucun parti politique sachant que dans le groupe il y avait différentes sensibilités politiques. Ça pouvait allait d'Abertzale qui est un groupe d'indépendantistes Basques aux communistes, anarchistes, libertaires. Il y avait un peu de tout, donc on était indépendant de tout parti.

 

La gauche abertzale (ezker abertzalea en basque, c'est-à-dire « la gauche patriote », en français), est un terme faisant référence aux partis, syndicats ou organisations de gauche (allant du socialisme au communisme) et indépendantistes.

 

Je suis aussi à Amnistia. Le mouvement pour l’amnistie des prisonniers politiques. Ça été monté en 2015.

« Mouvement pour l'amnistie et contre la répression »

C’était pour revendiquer l’amnistie pour tous les prisonniers et prisonnières politiques Basque. C'est un groupe qui à la base était composé d'anciens de la gauche d'Abertzale - donc indépendantistes- qui n'étaient pas d’accord avec ce qu'on appelle Abertzale « Officiel » et qui sont rentrés dans une voie réformiste où il ne fallait pas faire de vagues, sachant qu'en Espagne il y a une loi qui a été mise en place contre les partis politiques (certains ont été condamnés avec violence), il y a eu des « illégalisations » comme pour Batasuna et Segi le mouvement de jeunes indépendantistes basques. Ils ont lissé les revendications pour au final ne demander plus que le rapprochement des prisonniers politiques Basques.

 

Dans le nouveau cadre, le soi-disant « processus de paix », c'est justement ce qu'il faut revendiquer, l'amnistie. C’est-à-dire que tant qu'il y aura des prisonnier.e.s, il ne pourra pas y avoir de paix. Ce n'est pas parce qu'ils sont dans une prison à 30 km que ça changera quoi que ce soit.

Qui demande la paix ?

Ce sont des gens de droites comme de gauches qui jusqu'à maintenant nous détestaient (depuis les années 80 pour certains) et qui ont toujours détesté le Pays Basque. Soudain ils se trouvent une âme humanitaire.

 

La revendication est nulle ! Comme c'est la loi qui l'impose « tout prisonnier doit être au plus près de sa famille », donc en fait ils ne demandent qu’à faire respecter la loi qu'eux-mêmes ont votée.

 

Toutes les revendications du Pays Basque, on n’en parle même plus alors que c'est quand même ça la base du conflit basque : la non-reconnaissance du peuple basque en tant que peuple, qui ne peut pas avoir le choix de décider si oui ou non il veut être indépendant.

 

Après, il y a une grande majorité où ça s'est beaucoup perdu. On le voit avec les résultats électoraux. Il y a toujours eu des listes d'Abertzale ici au Pays Basque Nord dans quasiment tous les villages. Mais à la dernière élection municipale, ils ont fait alliance avec des gens du PS ou du PCF. Ils ont essayé de brasser large. Alors oui, ils ont gagné quelques mairies mais en fait ils ont perdu toute identité. Les revendications qui sont celles du mouvement ont été mises de côté.

 

Je ne vote plus car je ne crois pas aux élections. Comme disait Coluche « Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit ». (Rire). La politique politicienne, je n'y crois pas.

 

En tant que libertaire, je crois en un projet social égalitaire pour tout le monde avec un fonctionnement horizontal et ce n'est apparemment pas ce qui est au programme.

 

Si c'est pour faire la même chose que ce que l'on a actuellement, je préfère rester sous l'emprise de l'état français ou espagnol, au moins on sait qui on a en face. On connaît.

Aujourd'hui, les arrestations se sont beaucoup calmées puisqu'il y a de moins en moins de militants en clandestinité. La lutte armée s'est complètement arrêtée. Toute action de résistance aussi s'est arrêtée et cela depuis 2011 avec la trêve de l'ETA (l'Euskadi Ta Askatasuna, « Pays Basque et Liberté » en français).

Trêve de l'ETA :

(Photo officielle)

On fait une analyse différente de ce qui est donné.

Pour nous la trêve est intervenue quand l'ETA était vraiment affaibli. C'est à dire que les militant.e.s tombaient au fur et à mesure. Tous les « chefs » tombaient, il y a eu des coups extrêmement durs de la part des policiers français mais surtout des policiers espagnols. Il y avait également l'illégalisation des journaux au Pays Basque Sud.

 

Puis à un moment donné, on pense que pour sauver 60 ans de luttes, des gens ont organisé ce pseudo processus de paix pour essayer de sauver ce qu’il était possible encore de sauver. On le voit 6 mois après, rien n'a avancé, on se retrouve toujours avec des prisonnier.e.s en prison. Il y a un mois, il y en a un qui s’est suicidé.

Le 6 Mars 2018 : Xabier Rey, originaire de Pampelune, purgeait une peine de 24 ans dans le sud de l’Espagne. Il se serait suicidé.

 

Les longues peines sont complètement abandonnées. Les gens qui devaient les défendre les abandonnent.

 

Sur la question Basque, la France a toujours suivi l'Espagne.

Pour la France il n'y a pas de problème au Pays Basque, s'il y a un problème, c'est du côté espagnol.

 

Ce que l'Espagne demande, la France exécute.

 

Il y a une théorie espagnole, « tout est ETA ». Du moment que tu es Basque indépendantiste, t'es ETA. C'est comme ça que les français se sont déchargés, alors qu'ils participent à la répression tout en disant qu'il n'y a pas de problème basque (alors qu'il y a eu des morts ici au Pays Basque Nord) comme en Bretagne. Ils disent qu'il n'y a pas de problèmes contrairement à la Corse ou ils reconnaissent la situation.

 

Comme dans les années 80/90 par rapport aux réfugiés qui étaient ici jusqu'à que Mitterrand enlève le statut de « réfugié politique » alors que ça a toujours fonctionné. Même violemment avec les groupes para-policiers (mercenaires) comme le GAL (Groupes antiterroristes de libération ) qui venaient sur le Pays Basque Nord commettre des attentats avec la complicité des policiers français.

Les Groupes antiterroristes de libération (espagnol : Grupos Antiterroristas de Liberación, GAL) étaient des commandos para-policiers et paramilitaires espagnols, actifs de 1983 à 1987, ayant comme objectif la lutte contre l'ETA, principalement sur le territoire français.

Tenant compte de ces visées antiterroristes, les GAL ont constitué, au moins dans l'esprit de ceux qui les ont créés et dirigés, une forme de lutte étatique antiterroriste clandestine, quand ses détracteurs les dénonçaient comme un véritable terrorisme d'État.

 

La prochaine étape c'est la dissolution de l'ETA qui est annoncée pour le 4 Mai. De toute façon maintenant qu'ils n'ont plus d'armes…. Là ils sont dans un pseudo débat interne.

Du coup ce serait Amnistia qui continuerait à soutenir les prisonnier.e.s politiques Basques et dénoncer la répression qui continue toujours. Ça ne s'est jamais arrêté, là on n’est pas dans un processus de paix mais plutôt dans une tentative de pacification.

 

Le groupe international qui soi-disant s'occupe de la paix, son intention initiale c'était la dissolution d'un groupe armé et de tout violence. Point ! Par contre, pas un mot sur les violences faites de la part des deux états.

 

Avec un ancien juge, un ancien flic de Scotland Yard, on ne peut pas s'attendre à ce qu’ils viennent nous libérer.

 

Ce groupe international c’est ce qu'on appelle les accords Mitchell (Mitchell était un sénateur américain qui a mis ça en place). Donc il a mis ça en place dans le conflit Israélo-Palestinien (on voit que ça a bien marché), en Irlande du Nord, pareil, en Afrique du Sud puis maintenant ici au Pays Basque.

 

Ça consiste en la disparition de toute violence d'un groupe de résistance. Une soumission totale. Le problème de base n'a jamais été et ne sera jamais réglé.

Cette commission Mitchell a réussi à retourner le problème et à faire passer les Basques pour les agresseurs. On est quasiment à demander pardon à la France et à l'Espagne d'avoir résisté. Alors que le problème c'est la France et l'Espagne. La plupart des gens gobent tout ça, on leur explique que le processus de paix c'est bien.

(propos recueillis le 18 avril, soit deux jour avant : le 20 avril 2018 - L’organisation basque ETA demande pardon pour le « mal » causé durant sa lutte armée)

HERRIAK BIZI BEHAR DU (Le pays doit vivre)

L'ETA ne s’est pas créé juste comme ça. C'était pour la reconnaissance du peuple basque qui doit pouvoir décider de son avenir, le droit à l'auto détermination; et là il est complètement abandonné en fait. Personne n'en parle. Pour eux le problème c'est : l'ETA, les armes et les prisonnier.e.s, et en ne reconnaissant même plus ses prisonniers comme des prisonniers politiques. Ce sont pourtant des raisons politiques qui les ont amenés en prison.

 

Donc moi, je vais continuer à militer sur la question des prisonnier.e.s vu que c'est une question qui me touche et que je ne compte pas lâcher. En plus j'ai des camarades avec qui j'étais et qui sont encore en prison. Après sur la question du droit à l'auto-détermination et tout ça, ça me passe un peu par-dessus la tête.

 

L'ETA existe depuis 1959.

C'était une organisation de libération nationale socialiste. Il y a eu plusieurs tendances comme les Politico-militaire et d'autres groupes armés ainsi que plusieurs scissions jusqu'à en finir aujourd'hui, avec l'ETA Militaire.

 

A la base, c'était des jeunes de Bilbao qui étaient au Parti National Basque le PNV, parti de centre-droit chrétien et qui, face au Franquisme et par la direction de la PNV se sentaient plus de gauche et de libérer le Pays Basque et encré ce groupe.

 

Je crois que la première action armée c'était en 68.

C'était quand l'un des militants ETA s'est fait tuer par la « guardia civil » lors d'un contrôle. Ça a été en réponse à cela, car à la base, ce n'était pas un groupe armé mais plutôt politique. Ils étaient plutôt Marxistes voir Léninistes - avec des libertaires ou anarchistes- mais globalement c'était plutôt Marxiste.

 

Face à la violence de l'état espagnol, ils ont répondu par la violence de résistance.

Ça a été la spirale : action/répression, action/répression.

 

Dans les années 70 il y a un autre groupe armé qui s’est monté, c'était Iparretarrak avec Filipe Bidart qui était une lutte armée moins « violente » comparé à l'ETA. C'était surtout les intérêts et symboles français qui étaient visés par des bombes, et pour dénoncer le « tout tourisme ». Ce groupe était très centré sur le Pays Basque Nord.

Iparretarrak (IK, Ceux de l'ETA du nord en langue basque), est une organisation clandestine armée qui lutte pour l'indépendance du Pays basque. Elle fut fondée au début des années 1970 dans le Pays Basque Nord par quelques militants dont Filipe Bidart. Elle a fait sa première apparition le 11 décembre 1973. Elle intensifie ses actions dans les années 1980, notamment en utilisant les explosifs. Dans les années 1980, plusieurs membres d'Iparretarrak deviennent clandestins, dont Filipe Bidart. Iparretarrak revendique l'autonomie du Pays basque Nord.

International :

L'ETA était en contact avec l'IRA (Irlande), la Libye, le Yémen et avec la Palestine. Ils étaient en contact avec les groupes armés pour apprendre le fonctionnement de la lutte armée et suivre des formations. Il y en avait pas mal qui étaient en Algérie aussi. Y avait aussi les Bretons dans les années 80 qui hébergeaient des membres de l'organisation qui étaient dans la clandestinité. C'était la période avec tous les groupes armés Marxistes.

 

Il n'y a jamais eu de lien avec les Corses. Des liens politiques oui, mais des groupes comme le FLNC, à ma connaissance, non, même si sur certains aspects tu peux trouver des points d'entente, mais pas forcément sur tout.

 

Méthodes :

La première voiture piégée qui a été utilisée était sur un modèle d'action Irlandais. Au Pays Basque Nord ça a commencé en 82/83. Jusque-là, c'étaient des exécutions de gardes civils, de juges et le fameux « Carrero Blanco » à Madrid qui était le bras droit de Franco, en 73.

« l'astronaute espagnol ». (Rires).

Attentat contre Carrero Blanco - 20 décembre 1973 - Madrid

- Article de l'Express, publié le 31/12/1973 par Edouard Bailby : 20 décembre 1973 : l'attentat contre Carrero Blanco.

Fonctionnement de l'ETA

Il y a des têtes pensantes (ce qu'ils appelaient les chefs politiques), après il y a la branche armée et la branche logistique qui a chacun son chef et après t’as la branche commando. C'est un fonctionnement pyramidal.

 

Quel avenir pour les générations futures ?

Je pense qu'à un moment donné, peut-être pas la génération qui vient mais les générations suivantes, il y aura une espèce de rébellion, des gens qui en auront marre de cette situation actuelle et de cette soumission totale aux états.

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