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Erika Apfelbaum

Quitte l'Allemagne pour la France en 1937

Est raflée et incarcérée à Rennes avec sa mère et

son père est incarcéré au camp de Gurs en 1940

Sont père disparait après une seconde arrestation le 24 aout 1942

Fait des études en Psychologie social

Présente sa thèse sur les conflits en 1968

Devient chercheuse au CNRS

"Quand Chirac à reconnu que la France avait été responsable d'un certain nombre de choses, les choses ont changé. Le jour où Jospin nous a donné un nom, nous sommes les “Orphelin de la déportations”, c'est ridicule mais ça existe. Jusque-là, comment voulais tu que j'appréhende la disparition de mon père?
Mon père était disparue, il n'existai pas, il n'avait pas de statut social.

 

Donc ce à quoi je me suis intéressée à ce moment-là, c’est le fait de nommer les choses. Les nommer dans le cadre d’une histoire collective, permet de faire un travail de reconstitution.

La reconnaissance qu'il s’est passé quelque chose.".

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Erika, présente "Le livre noir des journées de mai " dans le quel elle participe à son écriture - 15 Mai 2018 - Paris

Je m'appelle Erika Apfelbaum, je n'ai jamais eu envie de changer mon nom, même si j'ai voulu m'appeler Monique comme tout le monde, mais je suis très contente de m'appeler Erika Apfelbaum désormais (rire) et je vais avoir 84 ans le mois prochain.

 

Je suis née en Allemagne en 1934. Mes parents était Autrichien et vivaient à l'époque en Allemagne et y étaient assez bien intégré.

 

Je suis venue en France en 37, j'avais 2 ans et demis, ma langue maternel était l'allemand et mes parent son venu parce que le danger était devenue très grand en Allemagne pour ma famille juive et qu'ils avaient été plusieurs fois menacés. Ma mère aurai voulu que nous partions au États-Unis mais mon père n'a pas voulu. Il pensait que nous étions ici dans le pays des droits de l'homme et que tout serait dans le meilleur des mondes en arrivant en France.

Mes parents cherchaient à s'installer, il fallait qu'ils aillent souvent à la préfecture de police pour régler leur papiers, donc, ils m'ont mis dans une institution. Je me suis toujours demandé pourquoi ils m'avaient mis dans une institution catholique.

 

J'ai appris le Français en récitant le « Notre père » par contre, j'avais beaucoup de mal à demander à aller aux toilettes ce qui m'a fallu quelques déboires (rire).

 

1939 est très vite arrivé et nous nous sommes réfugier en Bretagne à Dinard. Au début de 1940, nous avons été arrêté tous les 3 et mon père à disparut. On a pas su ou il a été transporté et ma mère et moi avons été incarcérées à Rennes et libéré au bout de 8 jours dans des conditions... il y a une interprétation officiel, la réalité je ne le saurais jamais comment. On était dans un grand dortoir de femmes et j'étais la seule, enfin, je n'ai pas souvenir qu'il y ai eu d'autres enfants que moi.

 

Donc on a été libérées et on est revenues à Paris en 41. Ma mère à ce moment-là c'est dit qu'il fallait qu'elle fasse des économies et au lieu de me remettre dans mon institution catholique ou j'ai été fort bien accueilli, elle a essayée de me mettre dans une école publique mais on a refusé de m’accepter.

 

Elle est retournée à l'institut et leur a dit « on n’a pas voulu de ma fille, qu'est-ce que je fais ». Il fallait qu'elle garde l'argent qu'elle avait parce qu'elle ne savait pas ce qui allait se produire. Et ils mon prise gratuitement.

 

En faisant des recherches pour le retrouver, j'ai découvert que Marion Maréchal Le pen a fait ses études à l'institut Maintenon. Je les ai appelé pour savoir, mais ils n'ont plus de filial à Paris et je leur ai demandé s'il y avait un rapport avec mon institut et la leur, mais ils n'ont pas pu me répondre, donc je ne sais pas. Je suis passé il n'y a pas si longtemps passé près de là et ça n'existe plus.

 

Un jour, ma mère appris que mon père était incarcéré au camp de Gurs, dans les Basse-Pyrénées (actuellement Pyrénées-Atlantiques) qui était un des grand camps des réfugier espagnoles avant de devenir un camp pour les réfugier Allemands, juifs, où il y a eu notamment Hanna Arent et quelques autres gens célèbre.

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Le camp de Gurs est un camp d'internement construit en France en 1939 à Gurs près d'Oloron-Sainte-Marie dans les Basses-Pyrénées (actuellement Pyrénées-Atlantiques) pour interner les personnes fuyant l'Espagne (Républicains espagnols, combattants des Brigades internationales) après la prise de pouvoir du général Franco.

 

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le même gouvernement y interna des citoyens étrangers ressortissants des pays en guerre contre la France ainsi que des militants du Parti communiste français, favorable au Pacte germano-soviétique.

 

Après l'armistice du 22 juin 1940, signé avec l'Allemagne par le gouvernement français de Pétain, le camp fut utilisé comme camp d'internement mixte pour accueillir des juifs de toutes nationalités – sauf français – capturés et déportés par le régime nazi dans des pays sous son contrôle (Allemagne, Autriche]], Belgique, Pays-Bas).

Et donc elle a fait un truc incroyable qui est qu'elle est allée à la commandanture Allemande (ou elle risquait d'être arrêtée) et a demandé un sauve conduit, parce que la France était divisée en deux. La France libre et la France occupée. Et elle a eu son sauf-conduit et elle a eu 8 jours pour liquider ses affaires et nous somme parties dans les Basse-Pyrénées à Pau.

 

Pau c'était la préfecture des Basse-Pyrénées et elle avait un sauf-conduit allé simple sans retour.

 

Mes premiers souvenirs, c'était les visites quotidiennes que l'on faisait au camp de Gurs ou il n'y avait plus rien à manger. Ma mère descendant du train alla dans une boulangerie et faisa remplir un sac de 50kilo de pommes de terre et de miches de pains. Mon père était d'un côté des barbelés et nous de l'autre et on allait à l'entrée du camp.

 

J'ai bien des années plus tard, lu le bouquin d'une femme dons j'ai oublié le nom, qui est l'histoire d'une femme seule avec sa petite fille et l'image était celle d'une petite fille qui essaye de suivre sa mère. Pour moi, c'est cette image que j'ai gardée de cette période-là ou je suivais ma mère.

CAMP DE GURS - 1939

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On ne pouvait pas rester à Pau, il fallait allez dans un village ou on nous a assigné à résidence à partir de là. Ce village s'appelait Soumoulou. Elle à trouver une chambre, les toilettes était au bout de la cours et dans la cours il y avait un garagiste. J’adorais ce garagiste. Il m’apprenait comment réparer une roue crevée, il m'a prêté une bicyclette et j'apprenais à en faire dans la cours toute pavés.

 

Comme il n'y avait plus rien à manger et que les français ne savait pas quoi faire de ces gens, mon père a était libéré et tous les mois, il fallait qu'il aille renouveler son congé de maladie. C'est aussi des souvenirs extrêmement fort pour moi et douloureux parce qu'à chaque fois, il se demandai s'il allai être renvoyé. J'étais présente, et l'émotion qu'il y avait au cours de ces contrôles.

 

Bien plus tard... Le père de Naomi (ma fille) est Canadien et pour des raisons personnelles, il avait décidé de ne pas lui donner la nationalité canadienne et on a décidé qu'elle deviendrait immigrante au Canada. Lorsque l'on a était contrôlé par un médecin, et je n'ai pas supporté. Je n'ai pas supporté le regard du médecin. C'était vraiment pour moi une reproduction du danger permanent dans lequel on était. Ce que je ressentais quand j'étais enfant, je ne sais pas mais ça avait visiblement laissé des traces.

 

Pendant toute cette période de guerre ou le danger était la et permanent, je n'ai pas eu le sentiment de peur. Je savais qu'il y avait des choses que je ne pouvais pas faire, quand il y avait des convois d'Allemands qui étaient là sur la place ou en tant qu'enfant (l'école était sur la place) la récréation était sur la place et je disais à mes copines « vous ne m'appelez pas Erika ». Je réalise maintenant qu'il y avait cette tension parce qu'Erika c'était dangereux. Je pense qu'il y avait une conscience du danger et en même temps je n'en étais pas consciente.

 

A vrais dire, pour moi, l’humiliation extrême, celle qui m'est restée au plus profond de moi ça était celle de la fille de la meunière, qui avait 14 ans et qui était une débile profonde (mais à l'époque on ne savait pas) et donc dans cette classe unique, elle était avec les enfants de 7 ans qui apprenaient le béat-bas et qui n'a jamais réussi à apprendre. Nous étions 40 et la maîtresse qui était une excellente maîtresse qui avait décidé de m'adopter si mes parents étaient déporté, mais elle, elle la giflée (bien sûr, à l'époque on gifler) et en sortant (elle nous apprenait aussi la politesse), on passait devant-elle, on lui serré la main et on lui disait « Au revoir mademoiselle, merci » et la fille de la meunière passait devant elle et lui disait « Au revoir mademoiselle, merci ». Cette notion d'humiliation est pour moi restée symptomatique.

 

J'y ai passait des moments très agréable, ce qui m’embêtai c'était de passer devant la pharmacienne pour nous arracher nos dents de lait.

 

Quand on nous a foutu à la porte une nuit par les paysans qui nous gardaient parce que l'endroit était devenu trop dangereux. Est-ce que j'ai eu peur, je ne sais pas. J'ai commencé à avoir peur à la fin de la guerre, vraiment là. J'avais des cauchemars.

Il se trouve que j'ai eu la chance inouïe d'être restée avec ma mère, d'être protégée par elle et elle à vraiment tout fait pour moi.

 

C'était la guerre, on a était arrêtés le 24 août 1942 et mon père cette fois ci est partie pour de vrais et on a été sauvé par le gendarme qui a dit à ma mère, « descendez du car sinon vous allez être séparée de votre enfant ».

 

Tous ça quand je le raconte maintenant, ça provoque de l'émotion, mais à l'époque c'était du quotidien, c'était je pense, le poids de cela a était pour ma mère.

 

Ce qui est très amusant dans tout ça, c'est que j'avais comme compagnon de jeu, le frère de Renè Frydman. Renè Frydman, c'est le gynécologue qui a créé le premier bébé éprouvette, il a créé la vie, ce n’est pas pour rien. Mais avec le frère aîné, Guy, nous avons gardé des souvenirs discordant. Moi j'ai cru que quand on a était arrêtés, j'ai étais sauvée parce que j'étais la plus jeune enfant, mais lui était là depuis plus longtemps et ai resté pendant toutes cette période et quand on s’est reparlé bien des années après, on ne se souvenait pas des mêmes choses sauf qu'on jouait ensemble.

On jouait à un jeu que ma mère avait gardé et quelle sortait quand j'étais malade et que Guy venait et on jouait ensemble à construire une ville. C'est ça les souvenir qu'on a gardé et qui sont absolument déterminant. Quand j'ai eu 60ans, j'ai fait une grande fête et je l'avais invité. J'ai appris des années après qu'il avait essayé de trouver quelques choses équivalentes à ce jeu pour me l'apporter. C'est extraordinaire quand même. Quel sont les enjeux et qu’est ce qui se joue pour un enfant?

René Frydman, né le 3 novembre 1943 à Soumoulou dans les Pyrénées-Atlantiques, est un obstétricien français. Gynécologue des hôpitaux de Paris et professeur des universités depuis 1979. Il est celui qui a permis la naissance du premier « bébé éprouvette » français ainsi que celles des premiers bébés français à partir d'ovocytes congelés.

 

En février 2012, il crée, sur Le Monde.fr, le blog Un enfant... enfin, dans lequel il milite pour la création de la fondation Prévention et lutte contre la stérilité, qui vise à impulser la recherche et l'innovation dans le domaine.

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Guy et René Frydman, dimanche, aux cotés de Colette Cazenave, la belle fille des habitants de Somoulou qui ont protégé leur famille.

Photo: David Le DEODIC

Au cours de la guerre, Guy et René Frydman, ainsi que leurs parents, ont été cachés des nazis par les habitants du village. La médaille des Justes a été décernée à leurs sauveurs.

Article complet : https://www.sudouest.fr/2011/10/24/sauves-de-l-horreur-535226-4422.php

​Je n’étais pas si petite que ça quand même. Quand on a été arrêté et que mon père a été emmené la seconde fois c'était en 42, j'avais pratiquement 8 ans, ce n’est pas petit. De toute façon, je n'ai pas de souvenir d'avant.

 

On est resté 2 ans à Pau, ma mère était très malade et on aller au “retour de déporter”, ça j'en ai des souvenir précis de ces gens qui revenaient. Il y avait un lieu où on accueillait les déportés comme à Paris au Lutecia.

 

Ensuite on est revenu sur Paris. On habitait dans une chambre de bonne ou il n'y avait pas d'eau. Moi finalement, j'étais avec ma mère, mais ma mère venait d'une famille ou il y avait une maison avec 14 pièces (rire) et donc on a habité dans une chambre de bonne dans le 16eme qui devait faire 8m².

 

Puis nous sommes allées en Angleterre où elle à retrouver un cousin et elle s’est faite opérée et là, j'ai eu ma frayeur de ma vie, parce que j'avais fait ans d'anglais et la cousine de ma mère m’emmenaient dans des endroit où elle avait à faire, des administrations et elle me laissait devant la porte, hors je ne savais pas dire en Anglais “j'attends ma cousine”, donc j'étais paniqué à l'idée que quelqu'un s'approche de moi, on a des paniques qui ne sont pas les bonne panique (rire) et quand elle revenait, j'oubliais de poser la question tellement j'étais soulagée. Après on est revenue à Paris puis on a quitté cette chambre.

 

 

 

 

 

 

 

Puis j'ai fait des études. J'ai fait un BAC LM (math). Ma mère disait que si elle disparaissait il fallait que je travail et vite. J'ai été inscrite, et à l'époque l'école polytechnique féminine venait d'ouvrir. Ça formait des dactylos pour ingénieurs (rire). Et donc je me suis inscrite là et la directrice expliquait qu'il y avait des plein de bals avec de grandes écoles et que ces jeunes filles allaient toute se marier. J'y ai fait 1 semestre et puis j'ai abandonnée et je suis rentrée en Fac de Math à la Sorbonne. La dactylo n'était pas mon truc, mais je n'ai jamais su ce qu'était mon truc à vrais dire. J'admire beaucoup la génération d’après. Quand je vois ma fille, elle sait ce qu'elle veut. Moi, je ne savais pas. Je savais ce que je ne voulais pas.

 

Puis j'ai rencontrée une nana dans les couloirs qui m'a expliqué qu'elle faisait de la psycho. Je n'avais jamais entendu parler de “Psycho” parce qu'en Math LM on faisait de la logique et de la moral mais pas de psycho. Donc je suis allé au cours de psycho et je suis allé écouter Bashlar parler du “cristal du temps”, c'était éblouissant, Bashlar le philosophe, Bashlar avec cette grande barbe blanche.

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Gaston, Louis, Pierre Bachelard, né à Bar-sur-Aube le 27 juin 1884 et mort à Paris le 16 octobre 1962, est un philosophe français des sciences, de la poésie et du temps. Il est l'un des principaux représentants de l'école française d'épistémologie historique.

Donc j'ai commencé à me remuer et quand je suis arrivé au cours de psycho, le prof donnait un devoir intitulé “comment comprend t-on les paroles d’autrui”. J'ai pris et j'ai décidé de faire le devoir et que si j'avais 10, j'abandonnerais les math. J'ai eu 10 et j'ai donc abandonnée les math et j'ai commencée à faire de la psycho. Je crois quand même que j'avais l'idée en faisant de la psychologie sociale que j'allais changer le monde. Je ne me le suis pas dit comme ça, mais que c'était dans cette discipline là qu'on pourrait changer quelque chose. Est-ce que je me le suis dit vraiment comme ça, je crois que oui. Je crois que c'était sous-jacent mais évidemment je ne pouvais pas me le dire vraiment aussi clairement.

 

J'ai fait psycho, mais c'était une époque bénie où tout s'ouvrait et je voulais prouver à ma mère que je pouvais être indépendante. Puis je suis allée dans le privé (Unis les vert, vente de produit ménagé) et j'ai gagné beaucoup d'argent. C'était l'époque où on faisait des études de marché, c'était l'époque de la guerre d'Algérie et malgré le fait que j'étais dans une boite privé, quand il y avait des manifs contre la guerre d'Algérie, j'y courrais.

 

Je me souviens du jour où j'ai rencontré un type de l'agence dans laquelle je travaillais qui courrait dans un sens et moi je courrais dans l'autre.

 

C'était l'époque où l'on cherché des psychologues pour faire des études de marché ou des études de motivation on disais à l'époque. Quand j'ai voulu aller dans un milieu plus industriel, on m'a dit “houlala, pas de femmes par ici”.

 

Je voulais prouver à ma mère que je pouvais gagner de l'argent, puis un beau jour quand on à commencer à parler de prix psychologique. Essayer de faire des études pour voir jusqu’où on pouvait augmenter les prix, là j'ai décidé que trop c'est trop. C'était extraordinaire, j'avais XX ans et une équipe d'enquêteurs, c'était chouette, mais j'ai fait une demande pour rentrer au CNRS et là j'ai perdu les 2/3 de mon salaire du jour au lendemain mais ce n’était pas grave.

 

Si je repense à mes années au CNRS (Centre national de recherche scientifique), j'ai toujours réussi à faire ce que je voulais. J'étais dans un labo du genre phalanstère, ou le patron voulait contrôler jusqu’aux amours des gens, mais avec moi, ça n'a pas marché.

Le Centre national de la recherche scientifique, plus connu sous le sigle CNRS, est le plus grand organisme public français de recherche scientifique. Juridiquement, c'est un établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) placé sous la tutelle administrative du ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.Fondé par le décret-loi du 19 octobre 1939, afin de « coordonner l’activité des laboratoires en vue de tirer un rendement plus élevé de la recherche scientifique », le CNRS fut réorganisé après la Seconde Guerre mondiale et s'orienta alors nettement vers la recherche fondamentale.

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J'ai fais pendant 10 ans des choses ou à une époque tout se mettait en place dans la psychologie sociale, alors j'ai très vite créé mon propre domaine et j'ai eu la chance d'être très vite reconnue. Dans mon domaine, c'était des gens plutôt sympa que j'ai rencontré parmi les américains.

 

Puis il y a eu 68. J'étais en train d'écrire ma thèse sur les conflits et dans la rue il y avait 68. J'étais partie pour écrire ma thèse et quand je suis revenue ma concierge pleurait beaucoup parce qu'il y avait les gaz lacrymogène. Et là-dessus, voilà que je fais une thèse sur les conflits et que je ne comprends pas ce qui ce passe dans la rue. Évidemment, parce que ce n'était pas du tout ce type de modèle.

 

A partir de là, j'ai commencé à être dans la dissidence la plus complète. J'ai fait ma thèse. C'était une époque où une thèse de troisième cycle pouvait être transformée en thèse d'état, moi, je n'avais pas d'état d’âme, je suis passé à la thèse d'état. Tout le monde m’a regardé d'un sale œil parce qu'il ne fallait pas casser l'institution de cette façon (rire). J'ai des amis qui ont fait des carrières beaucoup plus brillante que la mienne et qui n'ont jamais passé de thèse parce qu'à l'époque c'était un truc monstrueux, enfin bon.

 

J'avais un patron avec qui je défilais deux mois avant ma thèse au moment où on a foutu à la porte Cohn Bendit en criant “Nous sommes tous des Juif-Allemands”. Il le criait aussi sauf que moi je l'étais réellement en plus (rire), mais lui aussi, c'était un vrais français de France avec un fort accent du Midi.

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Alain Geismar, Jacques Sauvageot et Daniel Cohn-Bendit, lors d'une conférence de presse, à Paris, le 11 mai 1968

“Nous sommes tous des Juif-Allemands” : En 68, le mouvement étudiant est attaqué par les communistes qui n’aiment rien moins que l’anarchie. Le 3 mai, Georges Marchais, secrétaire du parti communiste, dénonce dans l’Humanité : "ces groupuscules dirigés par l’anarchiste allemand Cohn-Bendit". Aussitôt, en signe de solidarité avec Cohn-Bendit, les étudiants scandent dans les rues de Paris: "Nous sommes tous des juifs allemands". Plus tard, Cohn-Bendit dira : "Georges Marchais qui m’avait traité d’anarchiste allemand faisait jouer la phobie antiboche : les étudiants à Nanterre ont crié ce qu’il n’avait pas osé dire : "juif allemand"."

Puis quand je suis passé pour présenter ma thèse il m'a dit “tu n'auras jamais la mention très honorable” hors il fallait la mention très honorable pour avoir un poste à l'université et il m'a dit “ce n'est pas grave, tu pourras toujours aller enseigner à l’extérieur de l’hexagone” sur quoi je lui ai répondu “Nous sommes tous des Juif-Allemands mais je crois qu'il y en a qui sont plus Juif-Allemands que d'autres” et évidement j'ai eu “Mention très honorable”.

 

Je crois que je ne me rendais pas compte à l'époque que je savais résister un peu.

 

Là-dessus, en 1970, je suis partie aux États-Unis ou j'ai été reçue fort cordialement par le grand patron de mon domaine. Les conflits. J'ai commencé à dire que oui, il y avait les conflits mais que les conflits sur lesquelles on travaille, sont des conflits entre grandes puissances mais il y en a d'autres des conflits. Alors c'était les conflits coloniaux d'une part puis j'arrive aux États-Unis on est en plein Blacks Power et le début du féminisme et j'ai commencé à dire “d’accord, tout ce que j'ai fait, je ne le renie pas mais il faut imaginer ce qui ce passe en ce moment, il y a d'autres types de conflits”.

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J'ai étais invité dans un truc ou il y avait les grands de la terre de ma discipline et où j'ai développé cette thèse. (Rire) Le grand maître de cette discipline était présent et mon discutant. Je suis revenu m’asseoir après avoir expliqué que tout ça était très bien mais qu'il y avait des notions que personne n'avait développé comme les notions de “domination” etc... Je me suis rassise et il m'a mis la main sur le genou et m’a dit “Je vais t'assassiner” (rire). Il est monté et il m'a assassiné, il m'a traité de Marxiste, chose que je n'ai jamais été, de “pauvre chose qui allumée une bougie dans un ciel obscure”, enfin bref, moi j'étais bête et discipliné, on me demandé de faire une critique, faire le point sur ma discipline, ce que j'ai fait et je n'en voulais à personne. Et là, des jeunes chercheur américaines m'ont dit, “ma pauvre petite, si tu veux avoir un avenir, il faut te tenir comme il faut” (rire).

 

J'ai eu cette chance inouïe qu'on avait besoin de critique-alibi et je suis devenue dans ma discipline la critique-alibi. Donc on m'a proposé d'écrire un chapitre là où j'ai fait réellement une théorie de la domination et qui était un thème qui n'avait jamais été abordé dans la discipline.

 

C'était quelque chose de nouveau dans la société et surtout, ce n'était pas dans ces termes que dans la discipline que les choses c'étaient dites.

 

Ce chapitre à était publié, il a était critiqué dans le bouquin même mais il ne pouvait pas ne pas être publié jusqu’à ce que dans les éditions suivante il disparaisse et que je découvre qu'il circulait dans les universités sous forme de polycopié et que plein de gens (et ça je ne le savais pas puisque j'étais loin des États-Unis) travaillaient sur la base de mon chapitre.

 

L'autre chose qui a été mon moment glorieux, c'est que j'étais à une conférence en Angleterre ou j'avais travaillée avec une collègue Chilienne sur les exilés d’Amérique du Sud. Mais c'est moi qui avais présenté notre travail collectif. Et il y a quelqu'un qui est venu vers moi et qui m'a dit “vous savez, sans votre chapitre, je n'aurais jamais voulu faire le travail que je fais en Afrique du Sud et ce type à disparut, je ne savais pas qui c'était. Je l'ai rencontré 15 ans après, il était le chef du département de psycho à Cape Town.

 

C'était dans les années 70-80. Presque à mon insu, j'ai fait un certain nombre de choses, mais je les ai faites sans chercher la gloire, simplement parce que pour moi l'activité de chercheur c'était vraiment une activité honnête. Aujourd'hui je dirais que je me suis foutu dedans. J'avais tout faut mais j'ai ru et on a tous crus je crois, parce qu'on était tout un groupe de gens, on a crus qu'on allait changer le monde ou tout du moins qu'on allait changer quelque chose de fondamental. Mais bon, on c'est un peu trompé quand même. En tout cas, on a essayé. Après j'ai rencontré d'autres gens qui était un peu dans la dissidence.

 

Au moment où je prenais ma retraite, quand on a su que ce chapitre avait disparu, il a été republié dans une revue et avec 10 personnes qui expliquaient comment elles avaient travaillé à partir de ce chapitre.

De toute façon, en France, personne n'en a jamais voulu de moi, pare que la France était un milieu beaucoup trop d'obédience Marxiste et de toute façon aller aux États-Unis était rédhibitoire pour ces gens-là.

 

Mon laboratoire a explosé et à ce moment-là ils ont tous décidé de prendre la bonne vielle voix expérimentale dont je 'étais détaché entre temps. Je me souviens le jour où ils se sont dit “mais qu’est-ce qu'on va faire d'Erika ?” puisque je n'étais pas dans la bonne ligne, ils ont dit qu'ils allaient me garder, alors que j'étais à l'origine de ce labo.

Le lendemain, j'ai écrit une lettre que j'ai distribué à tout le monde disant qu'effectivement il faudrait interdire l'entré à tous ceux qui vont pas dans la bonne ligne scientifique mais qu'il fallait bien choisir sa couleur parce que le jaune avait déjà été utilisé pendant la guerre, le rose aussi, etc. (rire) ils n'étaient pas content, il devait se dire que j'avais de vielles névroses de guerre qui était vrais j'avais de vielles névroses de guerre mais bon.

 

J'ai longtemps voulu être intégrée, j'ai tout fait pour, j'ai tout fait faut, non, pas vraiment faux, j'ai ce besoin... on ne m’a pas laissé rentrer à l'école publique puis on m’a refusé la naturalisation française une première fois, ça laisse des traces quand même. A l'époque j'étais mineur, c'était à ma mère qu'on à refuser la naturalisation française mais après je l'ai eu du coup ma mère la eu aussi.

Ça ne m’a pas empêché d'essayer d'être française, de m'installer en Provence, maintenant, je sais que je ne serais jamais français. Je ne peux pas. Ça aussi ça fait partie du travail que je fais, on ne peut pas...

 

Quand le mur de Berlin est tombé, qu’est-ce qui s’est passé immédiatement après ? Il y a eu une résurgence de tous les nationalismes locaux. Pourquoi? On a essayé de dire que ça n'existai pas, du passé, faisons table rase, ce n'est pas possible de faire table rase, d'ailleurs, nous sommes dans une époque où nous ne faisons plus table rase du passé. Si la gauche avait un peu pris en compte qu'on ne fait pas table rase on n’en serait peut-être pas là où nous en sommes aujourd'hui.

 

Je crois quand même que je suis aujourd'hui capable d'intégrer un peu plus mon histoire passé avec ce que je suis. Bien sûr que je suis de culture française, etc. mais on n’a pas le droit de m'enlever cette part de mon histoire qui est en moi. Que j'ai essayée de nier, par ce que l'époque le voulais aussi.

 

Ma grande découverte quand je suis arrivé la première fois à New-York, c'est de voir que la bouffe Italienne était vraiment Italienne et non pas francisée comme à l'époque dans les années 70. L'exigence française, c'était l'assimilation. Je pense que je mis suis confrontée mais que finalement en te parlant, dans mon travail je ne mis suis pas conformée.

 

Puis dans les 10 dernières années de ma vie professionnelle, j'ai pu faire ce que je voulais et travailler sur les questions d'exil, les comités de réconciliation, que ce soit en Amérique du Sud ou en Afrique du Sud.

 

Grosso modo, de quelle façon l'écriture de l'histoire collective détermine ce que les individus sont et comment ils peuvent se reconstituer si l'histoire...

Pour prendre un exemple personnel, le moment ou Chirac à reconnu que la France avait été responsable d'un certain nombre de choses, les choses ont changé quand même. Le jour où Jospin nous a donné un nom, nous sommes les “Orphelin” de la déportations”, c'est ridicule mais ça existe. Jusque-là, comment voulais tu que j'appréhende la disparition de mon père? Mon père était disparue, il n'existai pas, il n'avait pas de statut social.

 

Donc ce à quoi je me suis intéressée à ce moment-là, c’est le fait de nommer les choses. Les nommer dans le cadre d’une histoire collective, permet de faire un travail de reconstitution. La reconnaissance qu'il s’est passé quelque chose.

 

Et ça j'avais commencé quand j'avais travaillée avec Anna Vasquez, sur la façon dont les exilés politiques Chiliens (et d'autres pays), les hommes, n'arrivaient pas à se reconstituer mais les femmes, avaient plus de cordes à leurs arc, parce qu'à travers la nourriture et le fait de donner à leurs enfants des éléments culturel faisaient qu'elles pouvaient, mais les hommes n'arrivaient pas.

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“Les “folles” de la place de Mai ou la folie assignée” dans “L'identité déchirée”,

par Anna Vasquez et Erika Apfelbaum

Après, j'ai été invitée en Afrique du Sud pour parler du rôle qu'avait les commissions de réconciliation dans la possibilité de réparation.

 

Depuis un certaine nombre d'année, je me bats pour récupérer la maison de mes grand parents en Pologne et dans ce travail (c'est un vrais travaille), j'ai était aidé par celui qui a été mon compagnons durant une dizaine d'années, qui est d'origine polonaise qui est économiste et qui a quitté la Pologne en 68 au moment de la résurgence de l'antisémitisme (il y en a à nouveau maintenant d'ailleurs).

 

Quand je lui ai dit que je voulais aller en Pologne, il m'a non seulement soutenu mais il m'a protégé de la Pologne et il m'a poussé à faire un certain nombre de choses. Il est mort en 2015 maintenant et j'ai compris à une soirée ou chacun parlait de lui, j'ai pris conscience que pour lui, tout ce qu'il faisait pour moi, pour m'aider à retrouver ces biens, était une sorte de réparation pour lui.

 

Une fois de plus, du côté de ma mère, c'était une famille très riche, il y avait des biens et ces biens existent toujours, ils ont été dénaturé, mais ils existent.

 

En fait, tout ce qui pouvait m'arriver de bien, était une façon de réparer sa propre souffrance. Ça en faisait partie puisque lui-même ne pouvait rien récupérer.

 

Ce que je fais maintenant depuis un certain nombre d'années (depuis que je suis à la retraite), ce livre que j'ai écrit en fait partie, c'est en quelque sorte, réparer pour ceux qui ne sont plus, pour mon père, quand sa mère est morte, on ne lui a jamais posé de pierre tombale, donc j'ai été poser une pierre tombale, j'ai obtenu une médaille des justes pour quelqu'un qui nous a sauvé pendant la guerre, (une des trois personnes, j'ai fait ce que j'ai pu) mais il y a toute une série de choses que je n'ai jamais pu faire avec des questions de pourquoi aucun de nous n'a fait ces actes de réparation très tôt dans nos vie.

Erika Apfelbaum, la petite fille juive aux yeux bleus

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Erika Apfelbaum, la petite fille juive aux yeux bleus des années de guerre, réfugiée avec sa mère à Soumoulou de 1941 à 1944, honorera dimanche la mémoire de Gabrielle Navailles, décorée de la médaille des "Justes parmi les nations".

Dimanche après-midi, Soumoulou rend hommage à Gabrielle Navailles dont les petits-enfants recevront la médaille des "Justes parmi les nations" décernée à titre posthume pour avoir aidé des juifs à se soustraire à la barbarie nazie. Conviée à la cérémonie, Erika Apfelbaum la suivra avec les yeux bleus de la petite fille de la Seconde Guerre mondiale à l'enfance mouvementée...

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2015/06/11/la-petite-fille-aux-yeux-bleus,1256487.php

Ce compagnon il a fait pour quelqu'un mais il était lui aussi déjà à la retraite. Mon compagnon de jeu Guy à fait aussi cette démarche très tard. C'est comme si il avait fallut qu'on vive notre vie avant de pouvoir... comme si il y avait une urgence de vivre au quotidien. Puis en France c'était les trente glorieuse.

 

(Photo) Apatride : Quand on est arrivé en France, mes parents étaient Autrichien tout les deux, puis l'Allemagne à envahi l'Autriche et à partir du moment ou l'Autriche a disparue, il y a eu deux possibilité, soit de devenir Allemand, soit de devenir apatride, donc mes parents sont devenus apatride. On avait un passeport accordéon que j'ai eu jusqu'à ce que je devienne française. C'est quand même un sacré confort d'être français, parce que tu ose parler d'une autre façon.

 

Savoir parler (du à mon activité professionnelle) et avoir un passeport français, ça te donne une « légitimité ».

 

Je me souviens d'avoir aidé des gens en Provence qui avaient des problème administratif mineur et qui n'osaient pas et moi, je venais avec une « légitimité » parce que j'étais française que je n'aurais pas eu si j'avais qu'un passeport d'apatride. Mais les migrants, ils n'ont pas cette avantage la.

Je me souviens d'avoir aidé des gens en Provence qui avaient des problème administratifs mineurs et qui n'osaient pas demander. Moi, j'arrivais avec une « légitimité » parce que j'étais française, et je ne l'aurais pas eu si j'avais un passeport d'apatride. Mais les migrants, ils n'ont pas cette avantage-là.

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Les journées noir de Mai (68) : collection Combat , ed . du Seuil , Paris , 1968

Quatrième de couverture : Les dix premières journées des manifestations étudiantes et les démonstrations de force policières - qui devaient aboutir à la manifestation du lundi 13 mai et à la grève générale - ont donné lieu à des comptes rendus qui ne vont pas toujours sans obscurités.


Les événements exceptionnels qui les ont marquées ont été abondamment décrits : ils furent moins souvent expliqués, depuis l'entrée de la police dans la cour de la Sorbonne (le 3 mai) jusqu'à l'assaut des barricades par la police, dans la nuit du vendredi 10 mai.


Les dépositions spontanées ici rassemblées ont été recueillies par ne commission de témoignages avec la participation de l'U.N.E.F., du S.N.E. Sup. et d'un comité de secours aux victimes.


Ce premier recueil est naturellement incomplet et ne prétend qu'apporter des documents (coupures de presse et témoignages individuels) pour une plus juste appréciation des faits.


Par prudence, dans les circonstances actuelles, il a fallu laisser ces témoignages anonymes. L'original et des copies de toutes les déclarations figurant dans ce livre ont été déposés, dûment signés, en lieux sûrs..

 

Je trouve ça ridicule, mais bon, j’apparais dans « les 100 femmes en tête ». Ça fait chic.

Femmes en tête : Hors collection - Documents, témoignages et essais d’actualité - Paru le 10/10/1997

Françoise Barret-Ducrocq et Evelyne Pisier livrent ici la photographie en mouvement d'une nouvelle génération de femmes, à l'Université, dans les entreprises, au pouvoir et dans les media.

 

De Martine Aubry à Julia Kristeva, de Jacqueline de Romilly à Anne Sinclair, une centaine de portraits retracent des histoires singulières, attachantes, heureuses et douloureuses. Pour la première fois dans l'histoire sur une petite partie de la planète, « des » femmes prouvent que « les » femmes sont capables d'accéder aux postes de haute responsabilité. Pour la première fois en France, elles sont en nombre suffisant pour qu'on ne puisse plus parier de « femme-alibi ». Le processus semble désormais irréversible.

 

Mais il est si récent qu'aucune de ces femmes n'a eu le droit d'être banale. Conscientes des obstacles qu'elles ont eu à affronter, elles sont sans illusion devant les difficultés de l'avenir. Femmes en tête, elles ouvrent le chemin.

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