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Squattes ta fac, squattes ta ville

La convergence des luttes a bien eu lieu mais en dehors des salons bourgeois.

Au mois de décembre la fac du Mirail est en grève. Les étudiants et personnels s'opposent au projet de « fusion d’établissement». La grève s’intensifie en février au moment du « Plan étudiant » qui est passé en force après un vote nul. Le 30 mars, à la fin de la trêve hivernale, les gymnases sont fermés et les réfugiés et demandeurs d’asiles se retrouvent à la rue. Dépassés par la situation, les travailleurs sociaux demandent aux étudiants s’ils peuvent les accueillir au sein de la fac occupée. Chose qui sera faite le soir même. Le 13 mai, la fac est évacuée. Étudiants et réfugiés se retrouvent à la rue. Une seule solution, rester unis.

 

C'est ce que nous raconte Julien, militant au syndicat étudiant UET. Il est toujours en lutte aux côtés des réfugiés et demandeurs d'asile dans le « squat Russell », situé au 6, place Henry Russell à Toulouse.

La situation du blocage est un contexte un peu particulier à Toulouse. Il y a eu le projet de loi ORE (Orientation et Réussite des Etudiants) plus connu sous le nom du « Plan étudiant » qui vise à restreindre l’accès à l'université.

 

C'est à dire que l'on met une sélection qui avant n'avait pas lieu, du moins elle n'avait lieu qu'en Master, du passage du M1 au M2. Maintenant c'est directement à l'entrée en Licence. On va restreindre les places alors que l'université était accessible à tous et toutes.

 

On doit faire des lettres de candidatures, alors je ne sais pas si ça a été vraiment mis en place, mais il y a l’algorithme sur « Parcours Sup » qui permet de faire un premier tri.

 

Il y a des articles qui sont parus qui dénoncent le fait que ce seront des lycéens qui seront dans des arrondissements plutôt favorisés et qui auront beaucoup plus de chance de rentrer à la fac que les autres.

 

Et à Toulouse le contexte particulier, ça a été la « fusion » en même temps qui s’est ajoutée et qui a permis d’intensifier la mobilisation.

 

Le projet de fusion d'établissement en gros, c'est pour avoir les fonds « Idex ». Les fonds à l'excellence de formation qui sont calés sur les exigences en terme de marché de l'emploi où l'on fait rentrer des acteurs extérieurs, souvent de grandes entreprises (notamment Airbus qui est l'entreprise phare à Toulouse) et ces personnes ont un pouvoir de plus en plus décisionnaire sur le contenu des formations et les coûts aussi augmentent. On va mettre en avant le prestige de la formation avec l'histoire du classement de Shanghai.

 

Le classement de Shanghai est un classement des principales universités mondiales, établi par des chercheurs de l'université Jiao-tong de Shanghai en Chine.

 

Ces institutions sont classées selon six critères, notamment le nombre de publications dans les deux revues scientifiques Nature et Science, le nombre de citations de ces articles dans des revues scientifiques référencées, le nombre de prix Nobel et de médailles Fields attribués aux élèves et aux personnels de l'université.

 

Les créateurs du classement soulignent eux-mêmes certaines de ses limites, notamment un biais en faveur des institutions de grande taille comme le sont celles des pays anglophones. [...] De plus, dans ce classement essentiellement fondé sur la recherche et les publications dans des revues scientifiques spécialisées, aucun critère n'évalue la qualité de l'enseignement, ni le niveau des élèves diplômés.

 

De plus en plus ça se développe, les universités sont toutes cotées, c'est un peu dans cette logique concurrentielle entre les facs en France mais aussi dans l'international. C'est une façon de restreindre l’accès à l'université, de privatiser et de faire une université qui est calée sur les intérêts du marché et qui ne sera plus une université où tu pourras avoir un esprit critique parce que les formations vont être beaucoup plus contrôlées par les PDG du CAC 40 et autres. Cela remet en cause tout un contexte universitaire où avant c'était le libre accès à la fac, peu importe ton origine sociale, tu pouvais avoir accès à une éducation et arriver à t’émanciper sur le plan intellectuel.

 

Moi la fac ça m'a permis d'évoluer et d'ouvrir mon esprit critique et tout ça est remis en question.

 

Là on a réussi quand même à ce que le projet de fusion soit avorté pour le moment.

 

Le président avait fait un vote consultatif pour la fusion, vote qu'il n'a pas respecté et c'est de là où est partie la colère et cela a permis de rallier un certain nombre de personnes. On a eu un arc de force assez impressionnant dans la bataille en terme d'étudiants mais aussi parce que les Biatss nous ont rejoint.

Vote consultatif pour la fusion : Le conseil d'administration a voté à 17 voix pour la fusion, et 17 voix contre. En cas d'égalité, a alors annoncé le président de l'université Daniel Lacroix en se référant au code de l'Éducation, c'est sa voix qui est prépondérante. Ayant voté pour le projet de fusion, le projet a été adopté.

 

Les profs n'ont pas été hyper mobilisés mais il y a eu une grosse mobilisation des personnels et ceux qui nous a permis d'avoir un certain rapport de force et on a pu empêcher que les conseils se tiennent ce qui a mis pas mal en difficulté le président Daniel Lacroix et la mobilisation à continuer jusqu’en mai.

 

Quand le président a démissionné, on a été placé sous tutelle et du coup il y a eu un administrateur provisoire qui a été nommé pour essayer de répondre à deux exigences. Celle de faire en sorte qu'il y a de nouvelles élections qui se tiennent rapidement et que le blocage de la fac s’arrête.

 

Le blocage de la fac avait commencé en février au moment où il y avait les premier blocages notamment à Montpellier (Montpellier 2 - Université Paul-Valéry) et à partir de là, la mobilisation s'est accrue. Les AG sont montées jusqu'à 1000-1500 personnes.

 

Donc à la suite de ce blocage à Montpellier, on a eu un blocage au départ proposé par les militants (on dit souvent « non-organisés ») non syndiqués qui voulaient au départ faire ce blocage sans forcément passer par l'assemblée générale, ça été mis en vote à l'AG et du coup s'est passé mais avec le soutien des anti-grévistes qui voulaient casser l'unité du mouvement étudiant et finalement ils n'ont pas réussi puisque le blocage à quand même eu lieu et a duré jusqu'en mai.

 

On s’est rendu compte suite à cette AG qu'il y avait plus de personnes qui s’intéressaient à ce qui se passait, du moins aux AG que l'on faisait et qui y venait. Souvent c'était pour voter contre le blocage, mais ça a permis d'avoir des AG beaucoup plus importante qu'avant le blocage.

Profils militants : Les AG étaient constituées au départ de pas mal de gens qui venaient voter contre le blocage même si on l’emportait avec trois fois plus de voix pour le blocage que contre.

 

En termes de profil militants on retrouvait de tout. Des syndiqués de l'UET (Union des ÉtudiantEs de Toulouse) qui est le syndicat le plus important sur la fac (syndicat dont je fais encore parti pour le moment (rire)). Ensuite il y a l'UNEF, mais ils sont très peu. Solidaires étudiant, ils sont un peu plus que l'UNEF, mais ce n’est pas fou.

 

Après il y a beaucoup de gens non organisés, non syndiqués qu'on appelle souvent les « TOTO », les Autonomes et des gens de divers partis politiques comme l'UEC (Union des Etudiants Communiste) même s'ils n'ont pas été hyper mobilisés. D'ailleurs sur la question du blocage, ils l'ont dénoncé dès le début sous prétexte que ça n'allait pas permettre de massifier.

 

Les premières AG ça a massifié, mais à partir du moment où il n'y a plus eu personnes sur la fac ils ont commencé à remettre en question le blocage. Après il y a des gens du NPA mais ils sont souvent à Solidaire ou à l'UET. Les gens de la France Insoumise pareil, plus dans l'UET d'ailleurs.

Le blocage : L'Arche n'était pas la base du blocage. Ce sont les camarades Autonomes qui ont essayé de tenir et de mettre en place leurs modalités d'actions qui sont : l'occupation et la création d’un lieu qui soit alternatif et où on apprend aux gens l'autogestion et où ils mettent en place des formations sur la critique du capitalisme et de l'ordre établi. Mais ce n’était pas la base du blocage.

Il y a eu deux amphis bloqués. La base du blocage c' était « l’Amphi occupé du Mirail » qui a été occupé à partir de février et où on accueillait les demandeurs d’asile et les réfugiés.

 

Ensuite, courant mai, il a commencé à y avoir des divisions dans le mouvement étudiant par rapport à la question du blocage entre les gens qui occupaient les bâtiments et les syndiqués.

 

Donc les gens de l'Arche et les gens du bâtiment « Accueil » dont je faisais parti (qui sont des nouveaux arrivants sur la fac, de jeune militants mais également certains militants qui sont là depuis un peu plus longtemps mais du coup qui sont plus dans l'esprit indépendant et pas forcément attachés à une bureaucratie syndicale) et les gens plutôt syndiqués qui remettaient du coup la question du blocage au moment où il y avait de moins en moins de monde sur la fac.

 

A ce moment-là les syndiqués (pas forcément tous à l'unanimité) ont commencé à remettre en question le blocage pour ensuite massifier. Certains voulaient arrêter le mouvement étudiant pour le reprendre à la rentrée.

La question des réfugiés sur la fac : Ils sont arrivés à la fin de la trêve hivernale le 30 Mars dernier. Ils ont été chassés des gymnases qui ont été fermés. Au niveau de l'UET on a été contacté par les travailleurs sociaux qui travaillaient aux côtés des réfugiés dans les gymnases et qui les suivaient un petit peu ou des gens de la boutique Solidarité qui nous ont contacté pour nous prévenir qu'il y avait des gens qui se retrouvaient à la rue et pour voir si on ne pouvait pas les accueillir dans nos bâtiments.

 

La décision a été prise le soir même de les accueillir dans un autre bâtiment qui s'appelle « La maison des initiatives étudiante » mais ils ont très vite été chassés par la sécurité (bon, sur l’ordre très certainement du président, je ne pense pas que la sécurité soit du genre à prendre des initiatives personnelles) puis on les a accueilli dans le bâtiment « Accueil » et ça a duré jusqu'à l'expulsion (date).

 

Intervention policière : Il y a eu une intervention policière qui a été prise au tribunal administratif d'évacuer la fac suite à un recours qui a été déposé par l'UNI (Union nationale inter-universitaire) qui est un syndicat d'étudiants de droite voir d'extrême droite qui d'ailleurs, n'est pas présente sur la fac du Mirail mais qui s’est initié dans les affaires et qui a demandé à ce que la fac soit évacuée et la justice leur a donné raison.

 

Ce qui me fait penser que demain, il y a la décision de justice par rapport au squat où nous sommes actuellement et ça ne me rassure pas du tout. J'ai bien peur que ce soit dans la même continuité. A Paris 8, ils accueillent aussi des réfugiés et des demandeurs d'asiles et ils sont eux aussi sous procédure d'expulsion à partir de ce week-end.

 

Ce n'est vraiment pas rassurant sur cette question de l'accueil de personnes qui ont souffert et qui n'ont pas forcément de gaîté de cœur quitté leur pays et qui ont eu un parcours que l’on n’imagine même pas. Ils ont un mental d'acier. Ils arrivent dans un pays pour certains qui est censé être le pays des droits de l'Homme, de la révolution française et les conditions dans lesquelles ils sont accueillis c'est déplorable.

 

La situation des Dublinés est hallucinante. Ils doivent aller pointer toutes les deux ou trois semaines pour signaler qu'ils sont là et à tout moment une décision contre eux peut être prise pour les renvoyer dans le pays dans lequel on a pris leurs empreintes.

 

D'ailleurs, il y en a un c'est le cas, on lui demande de prendre l'avion le 21 juin pour l'Espagne et en plus de ça tu as 48h pour déposer un recours ce qui est super compliqué surtout quand les mecs n'ont pas d'avocats.

 

Avec le projet de loi « asile et immigration », il ne va pas du tout en faveur de ces personnes-là. On est rentré je pense avec le quinquennat Macron dans une période où on a plus peur de rien, c'est un mec qui assume sa politique, ça c'est sûr. C'est un mec qui veut détruire les acquis sociaux en 2-3 ans et là oui, comparativement au gouvernement précédent, il n'a pas d'état d’âme et ça passe sans réelle indignation et sans réelle capacité de s'organiser et ça c'est encore plus problématique.

 

Des gouvernements qui veulent s'attaquer aux droits sociaux, tu en auras toujours mais ce qui est déprimant, frustrant, c'est la capacité de résistance des gens. Ils sont soit résignés soit dans un individualisme, soit ils ont perdu confiance en la mobilisation collective, ça c'est quelque chose dont on n’a pas toujours les réponses mais c'est assez inquiétant ce qui est en train de se passer.

 

Convergence des luttes : ça n'a pas été énorme. Il y a eu des initiatives, avec un meeting sur la convergence des luttes sur la fac quand elle était encore occupée mais il n'y a pas eu vraiment de suite. On a du mal à organiser nos milieux, aussi bien dans le milieu étudiant que dans le milieu professionnel. Chez les cheminots, ils galèrent aussi, à l'EPHAD, ce n'est pas non plus une mobilisation d’ampleur. Mais bon, je ne pense pas que les gens acceptent tout ce qui se passe.

 

Expulsion de la fac : Le lendemain même de l'expulsion, ce qui avait été plus ou moins prévu dans le Collectif des Réfugiés Occupants du Mirail (CROM) c'était de faire un campement, ce qui a été fait.

 

Communiqué du CROME : https://iaata.info/Communique-du-Collectif-des-Refugies-Occupants-du-Mirail-2578.html

 

Suite à ce campement initié par le CROM, on a eu un rendez-vous à la préfecture le lendemain même qui acté qu'ont proposé aux demandeurs d'asiles d'être à l’hôtel jusqu'à ce qu'on leur trouve une place en CADA (centre d'accueil des demandeur d'asiles).

 

Pour les réfugiés, on leur avait refait la proposition d'aller à Mane dans un village en Ariège (09) et c'était une proposition avec laquelle ils n'avaient pas été d’accord puisqu'il y avait un réel défaut dans la structure d'accompagnement, notamment dans l’apprentissage du français puisqu’il ne maîtrise pas tous totalement le français, mais également l'accompagnement pour l'emploi et d'une formation, etc. Donc ça a été une proposition qu'ils leur ont été refaite et qui à juste titre a été à nouveau refusée.

 

Suite à ça, les demandeurs d'asile devaient être hébergés à l’hôtel, donc leur situation a été réglée sauf que 5 jours plus tard, ils ont été sortis de l’hôtel. Il se trouve qu'entre temps nous avons ouvert ce squat pour accueillir les réfugiés qui voulaient rester à Toulouse et qui ne voulaient pas forcément être dispersés.

 

Donc voilà, nous en sommes là et nous sommes dans ce squat depuis maintenant 1 mois il me semble.

L'ouverture du squat : Ça a été très vite. On a été expulsé le mercredi soir de la fac, le jeudi on a fait le campement, le vendredi ils ont obtenus un rendez-vous à la préfecture et trois jours après on était dans le squat.

 

Ce lieu est un bâtiment qui est détenu par une société immobilière et qui a des bureaux à louer et qui apparemment voudrait louer ça à l'UFCV qui est un de vacance. Ce qui est bizarre, c'est que le contrat de location a été fait après qu'on ait occupé. D'ailleurs, ça été l'unique argument de l'avocat adverse lors du procès.

Il s'agit d'un bâtiment vide qui proposait des bureaux à louer sur une surface de 1900 m2 comme indiqué sur la façade.

 

Il s'agit d'un bâtiment vide qui proposait des bureaux à louer sur une surface de 1900 m2 comme indiqué sur la façade.

 

Les occupants : Là on est autour d'une centaine de personnes qui sont accueillis ici dont des familles. D'ailleurs il y a une famille qui nous a quittés il y a deux jours parce qu’ils ont trouvé une place en hôtel. Les familles qui sont là, le sont de façon provisoire. Sinon ce sont majoritairement des hommes seuls.

 

Le procès : Nous avons un nouveau procès demain (samedi 16 Juin) pour décider de notre expulsion ou non. On n'a pas trop d'information, on ne sait pas si on va pouvoir obtenir les deux mois réglementaires avant de quitter le bâtiment.

 

L’avocat nous a dit qu'il n'en avait aucune idée et qu'avec la juge qui statue sur l'affaire on ne pouvait absolument pas savoir. L'argument qui a été porté pour la défense de ces gens-là, c'est que l'occupation du squat c'est uniquement temporaire. C'est en attendant qu'on leur trouve une solution d’hébergement et ils font toutes les démarche en ce sens.

 

Aussi bien ils appellent le 115, on a également engagé des dossiers de demande d’hébergement d’urgence en DAHO (hébergement d'urgence) ou DALO (logement social pour les réfugiés) selon le statut des réfugiés notamment ceux qui ont obtenu l'asile et qui ont un titre de séjour.

 

Ils ont le droit de travailler comparativement aux demandeurs d'asile pour qui ce n'est pas le cas. Ça aussi c'est problématique, ce sont des gens qui sont déjà dans une situation de précarité et on rajoute de la précarité à la précarité. Que ce soit le problème de logement, le problème de l'emploi.

 

En fait, d'être ici, c'est un sas de décompression pour eux. C'est à dire que là, ils ont un toit sur la tête. Il y en a un hier qui me disait, que c'était super, qu'il dormait à la rue et qu'ici il a du lien social.

C'est dramatique mais rien que pour cela ils s’en contentent, parce que la plupart ont vécu la galère, ils sont désemparés, ils ont des moments de découragement aussi. Ils sont tellement dans la précarité qu’ils se contentent du peu qu'ils peuvent avoir et c'est déjà beaucoup pour eux, qu'on leur offre la possibilité d'avoir un toit pour une période même si on ne sait pas combien de temps ça va durer.

 

Soutiens et associations: Dès le début quand on a commencé à accueillir le CROM, on a organisé des réunions avec les soutiens et les associations pour faire que cette occupation elle dure et qu'on ne vienne pas dire que ce n'est que quelques étudiants gauchistes qui ont choisi de politiser le truc et d'instrumentaliser la question des demandeurs d'asiles et des réfugiés.

 

Donc effectivement pour les problèmes de logements on a travaillé avec le DAL (Droit Au Logement). On a travaillé aussi avec le CEDIS (https://www.cedis31.org/) et du coup avec le GPS, c'est le regroupement des travailleurs sociaux avec qui on était en lien quand on a choisi d'accueillir le CROM. Il y a le RETSER (Réseau des Etudiants Toulousains en Soutien aux Exilés et Réfugiés), ce sont nos principaux partenaires et c'est avec eux principalement qu'on travaille quand on a des problèmes administratifs et qu'on ne sait pas toujours comment apporter les réponses aux copains, on s'adresse à eux.

 

On commence à travailler avec les EGM (État Généraux des Migrations), on essaye de s'attacher aux collectifs de soutiens aux migrants.

 

C'est une lutte longue et on ne va pas se le cacher, il y a de moins en moins d'étudiants et de moins en moins de soutiens et on est de plus en plus isolés même si il y a toujours les associations qui viennent mais de fait, on va arriver dans une période de vacances et c'est le même problème que rencontre à Paris 8 par exemple.

 

Le procès : Nous avons un nouveau procès demain (samedi 16 Juin) pour décider de notre expulsion ou non. On n'a pas trop d'information, on ne sait pas si on va pouvoir obtenir les deux mois réglementaires avant de quitter le bâtiment.

 

L’avocat nous a dit qu'il n'en avait aucune idée et qu'avec la juge qui statue sur l'affaire on ne pouvait absolument pas savoir. L'argument qui a été porté pour la défense de ces gens-là, c'est que l'occupation du squat c'est uniquement temporaire. C'est en attendant qu'on leur trouve une solution d’hébergement et ils font toutes les démarche en ce sens.

 

Aussi bien ils appellent le 115, on a également engagé des dossiers de demande d’hébergement d’urgence en DAHO (hébergement d'urgence) ou DALO (logement social pour les réfugiés) selon le statut des réfugiés notamment ceux qui ont obtenu l'asile et qui ont un titre de séjour.

 

Ils ont le droit de travailler comparativement aux demandeurs d'asile pour qui ce n'est pas le cas. Ça aussi c'est problématique, ce sont des gens qui sont déjà dans une situation de précarité et on rajoute de la précarité à la précarité. Que ce soit le problème de logement, le problème de l'emploi.

 

En fait, d'être ici, c'est un sas de décompression pour eux. C'est à dire que là, ils ont un toit sur la tête. Il y en a un hier qui me disait, que c'était super, qu'il dormait à la rue et qu'ici il a du lien social.

C'est dramatique mais rien que pour cela ils s’en contentent, parce que la plupart ont vécu la galère, ils sont désemparés, ils ont des moments de découragement aussi. Ils sont tellement dans la précarité qu’ils se contentent du peu qu'ils peuvent avoir et c'est déjà beaucoup pour eux, qu'on leur offre la possibilité d'avoir un toit pour une période même si on ne sait pas combien de temps ça va durer.

 

Soutiens et associations : Dès le début quand on a commencé à accueillir le CROM, on a organisé des réunions avec les soutiens et les associations pour faire que cette occupation elle dure et qu'on ne vienne pas dire que ce n'est que quelques étudiants gauchistes qui ont choisi de politiser le truc et d'instrumentaliser la question des demandeurs d'asiles et des réfugiés.

 

Donc effectivement pour les problèmes de logements on a travaillé avec le DAL (Droit Au Logement). On a travaillé aussi avec le CEDIS (https://www.cedis31.org/) et du coup avec le GPS, c'est le regroupement des travailleurs sociaux avec qui on était en lien quand on a choisi d'accueillir le CROM. Il y a le RETSER (Réseau des Etudiants Toulousains en Soutien aux Exilés et Réfugiés), ce sont nos principaux partenaires et c'est avec eux principalement qu'on travaille quand on a des problèmes administratifs et qu'on ne sait pas toujours comment apporter les réponses aux copains, on s'adresse à eux.

 

On commence à travailler avec les EGM (État Généraux des Migrations), on essaye de s'attacher aux collectifs de soutiens aux migrants.

 

C'est une lutte longue et on ne va pas se le cacher, il y a de moins en moins d'étudiants et de moins en moins de soutiens et on est de plus en plus isolés même si il y a toujours les associations qui viennent mais de fait, on va arriver dans une période de vacances et c'est le même problème que rencontre à Paris 8 par exemple.

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