Gilles Bertin
Chanteur de Camera Silens – 1981 à 1986
Participe au braquage de la Brink's à Toulouse 27 avril 1988
Disparaît en Espagne jusqu'en 2016 où il se livre à la police à Toulouse
Reconnu coupable, il prend 5 ans avec sursis le 6 Juin 2017
Il aspire aujourd'hui à une autre vie.
Gilles Bertin, un punk, un vrai. Ce n'était pas « sexe, drogue et rock n' roll » mais « braquage, toxicomanie et Oï ». Il n'y a rien de poétique la dedans, mais la vie, la vraie. Tellement « No Futur » qu’après leur dernier gros coup tous ensemble. Il ne savait pas où aller avec ces 11 millions de francs (2 M d'€ )... rien de prévu, en tout cas pas si loin. 28 ans après il revient mais sans prévenir qui que ce soit, pour ne pas déranger comme il dit. Sa femme, ses ami.e.s et membres du groupe Camera Silens (dons il était le chanteur) étaient là pour lui à sa sortie du tribunal. C'est en homme libre qu'il veut avancer dans la vie, sans dette mais en pouvant dire enfin son vrai nom à son jeune fils.
Propos recueillis le 6 Juin 2018 à Toulouse
Gilles Bertin
Chanteur de Camera Silens – 1981 à 1986
Participe au braquage de la Brink's à Toulouse 27 avril 1988
Disparaît en Espagne jusqu'en 2016 où il se livre à la police à Toulouse
Reconnu coupable, il prend 5 ans avec sursis le 6 Juin 2017
Il aspire aujourd'hui à une autre vie.
Gilles Bertin, un punk, un vrai. Ce n'était pas « sexe, drogue et rock n' roll » mais « braquage, toxicomanie et Oï ». Il n'y a rien de poétique la dedans, mais la vie, la vraie. Tellement « No Futur » qu’après leur dernier gros coup tous ensemble. Il ne savait pas où aller avec ces 11 millions de francs (2 M d'€ )... rien de prévu, en tout cas pas si loin. 28 ans après il revient mais sans prévenir qui que ce soit, pour ne pas déranger comme il dit. Sa femme, ses ami.e.s et membres du groupe Camera Silens (dons il était le chanteur) étaient là pour lui à sa sortie du tribunal. C'est en homme libre qu'il veut avancer dans la vie, sans dette mais en pouvant dire enfin son vrai nom à son jeune fils.
Propos recueillis le 6 Juin 2018 à Toulouse
Gilles Bertin
Chanteur de Camera Silens – 1981 à 1986
Participe au braquage de la Brink's à Toulouse 27 avril 1988
Disparaît en Espagne jusqu'en 2016 où il se livre à la police à Toulouse
Reconnu coupable, il prend 5 ans avec sursis le 6 Juin 2017
Il aspire aujourd'hui à une autre vie.
Gilles Bertin, un punk, un vrai. Ce n'était pas « sexe, drogue et rock n' roll » mais « braquage, toxicomanie et Oï ». Il n'y a rien de poétique la dedans, mais la vie, la vraie. Tellement « No Futur » qu’après leur dernier gros coup tous ensemble. Il ne savait pas où aller avec ces 11 millions de francs (2 M d'€ )... rien de prévu, en tout cas pas si loin. 28 ans après il revient mais sans prévenir qui que ce soit, pour ne pas déranger comme il dit. Sa femme, ses ami.e.s et membres du groupe Camera Silens (dons il était le chanteur) étaient là pour lui à sa sortie du tribunal. C'est en homme libre qu'il veut avancer dans la vie, sans dette mais en pouvant dire enfin son vrai nom à son jeune fils.
Propos recueillis le 6 Juin 2018 à Toulouse
Ben Art Core
Photographe Militant
Jean François Mignard
Co-Fondateur de RESF 31 - 2005
Président de la LDH section Toulouse 2007-2009
Secrétaire Général de la LDH 2015-2017
"Je ne suis pas du tout issu d'une famille de militants.
Mon père était fonctionnaire, il travaillait à EDF et ma mère était femme au foyer comme on disait à l'époque. Famille standard".
Je suis né en 1954. Famille Toulousaine assez classique.
Une partie de ma famille venait d’Ariège et était descendue une ou deux générations avant sur Toulouse.
Mon père était fonctionnaire, il travaillait à EDF et ma mère était femme au foyer comme on disait à l'époque. Sans profession. Famille standard. Mon père n'était pas du tout militant. Il était syndiqué comme on l'était dans les années 50 quand on était salarié. On était syndiqué mais pas forcément militant politique engagé.
J'ai par contre été un enfant des 30 glorieuses. J'ai baigné dans les comités d'entreprises, les colonies de vacances, autrement dit, du « collectif » avec un certain nombre de valeurs progressistes très liées à l'époque.
Pendant Mai 68, j'étais jeune. J'étais en 4éme, mais je l'ai vu passer de manière assez forte au collège. J'avais de la famille qui était très engagée à Toulouse.
J'ai continué un peu comme ça au lycée, c’était le bouillonnement des années 60-70. L'extrême gauche bouillonnait à Toulouse au confluent d'une vieille tradition locale liée à la guerre d’Espagne et à la présence des espagnols. Il y avait une forte tradition politique. Je me suis inscrit « sans trop réfléchir ». J'étais lycéen à l'époque de la loi Debré (c’était une loi qui résiliait les sursis à l'armée) et j'ai sauté dans le grand bain du militantisme politique à cette époque-là.
L'extrême gauche à Toulouse, ça n'avait rien d'original. On était nombreux et assez présents sur la ville dans un contexte où les gens nous regardaient assez sympathiquement.
En 72 j'obtiens mon BAC. Ensuite j'ai glissé du militantisme politique au militantisme pédagogique.
Je suis devenu enseignant et assez logiquement j'ai tiré les conséquences de ce pour quoi je militais en tant que lycéen par rapport au métier que j'allais faire et qui était un métier d'éducation.
De 72 à 74, j'étais à l'Ecole Normale.
Je me suis engagé de manière importante dans ce qu’on appelle « le militantisme éducatif ». J'ai beaucoup, beaucoup travaillé dans un mouvement d'éducation populaire qui s'appelait CEMEA (qui formait par exemple, les moniteurs de colo, etc.) en même temps que mon métier d'enseignant et que mon militantisme politique que j'ai continué à avoir avec un peu de syndicalisme enseignant.
J'ai lâché progressivement le politique et le syndical, non pas que les valeurs qu'ils traversaient m’étaient devenues étrangères mais parce que j'avais de plus en plus de doute sur l’efficience du militantisme politique, sa capacité ainsi que son organisation à traduire dans le réel ses valeurs.
Bien sensibilisé aux effets pervers que ça pouvait avoir sur la Politique, dans tout ce qu'il peut y avoir de péjoratif. A un moment donné, la fin justifie les moyens. J'ai toujours pensé que la fin était dans les moyens.
En 74, je suis devenue enseignant, je me suis occupé d'enfant en situation de handicap jusqu’en 78 et très vite je suis devenu permanent associatif. C'est à dire que ce que je faisais de manière militante et de façon pédagogique est devenu mon métier.
En 83 je deviens formateur de travailleurs sociaux. Avec un regard politique de ce que c'était que de former les travailleurs sociaux. Il y avait cette cohérence dans laquelle je me retrouvais à décliner les mêmes principes dans des contextes différents. Donc là, pour le coup, j'avais l'impression de servir à quelque chose. Là on voit le bout de ses actes quand on forme des gens. On mesure aussi qu’il y a quand même de l'effet, même si les gens deviennent ce qu'ils souhaitent devenir quand ils sont formés. J'ai beaucoup aimé faire ça et c'était quelque chose dans lequel je me suis beaucoup retrouvé.
J'ai fait un petit détour à un moment donné par le terrain, c'est à dire que j'ai arrêté de faire de la formation parce que j'avais envie de me confronter à de la pratique, à autre chose que de la formation. J'étais responsable d'une équipe d'éducateurs de rue (prévention spécialisée comme on dit aujourd'hui) au Mirail (Toulouse).
J'ai passé quelques années à expérimenter toute une série de choses avec les jeunes. On a monté une société coopérative ouvrière de production avec des ados. J'étais toujours dans cette filiation, enfin c’est l'impression que j'en ai avec le recul, (mais sur le moment aussi je crois que j'aurais pu le dire). J'ai fait ça quelques années, puis je suis redevenu formateur mais avec là aussi une impression que - tout comme le militantisme politique quand j'étais jeune - le militantisme pédagogique ou éducatif trouvait ses limites.
Tout le paysage qu'était le paysage politique dans lequel j'ai vécu toute une partie de ma trajectoire, était assez clairement balisé. La droite, la gauche, les syndicats, les rapports entre les mouvements associatifs, les syndicats et les partis, à la sortie de la guerre c'était structuré de manière assez forte, mais là en quelques années ce truc-là a explosé. Je me suis dit, « il faut faire quelque chose » et je pense qu'on a été nombreux à se dire ça. Ce n'est pas suffisant de faire de l'éducation et de la pédagogie, c'est important mais il y a des urgences à se remobiliser et à refaire du politique et pas de la politique justement.
Je suis rentré à la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) car pour moi il y avait deux avantages si je puis dire, outre celui de la nouveauté : on rentrait dans les fondamentaux et ça permettait de faire du politique sans se faire prendre dans les jeux partitaires ou partisans. La LDH a cette vertu d'être à distance. De se dire association politique et en même temps de ne pas rentrer dans ces jeux-là. Ça ne veut pas dire que ces jeux sont méprisables, mais qu'il y a une fonction à remplir et que la LDH la remplit de façon historique (peut-être un peu moins maintenant). Je me retrouvais davantage là-dedans, sur une fonction qui était une fonction fédérative, sur des questions qui sont des questions de fond et sur une impertinence.
La LDH, et je le dis, elle mort la main qui la nourrit, c'est à dire qu'on ne fait de cadeaux à personnes, ni à droite ni à gauche. On n'a pas fait de cadeaux à Mitterrand, on n’en a pas fait du tout à Sarkozy, on n’en a pas fait à Hollande quand il s'est mis à parler de délire sur la citoyenneté. Je me suis trouvé bien dans cet endroit-là qui est un endroit ou ça réfléchit un peu.
Je suis rentré à la LDH en tant que militant de base. C'était mon métier de travailler avec des groupes, de faire des synthèses, mais aussi de réfléchir, d'écrire et de travailler avec des gens, de travailler avec l'humain. J'ai pris des responsabilités assez rapidement et je suis devenu président de la section de Toulouse. Je suis tombé à un moment ou la LDH à Toulouse était au fond du trou, on n’était pas nombreux mais il y a eu une équipe de gens qui avaient envie de prendre les choses en main.
Je bénéficiais d'un excellent réseau local. Je connaissais des tas de gens, ça a aidé à ce qu'on développe. Ce qu'on a fait à Toulouse a été identifié au niveau associatif, je suis rentré au Comité Central de LDH, c'est le Parlement de l’association qui met en œuvre les grandes orientations décidées en Congrès.
J'ai donc été au comité central pendant deux ou trois ans. J'ai dit des choses qui « attiraient ». Du coup je me suis retrouvé au bureau national, au secrétariat général adjoint et je suis devenu secrétaire général pendant deux ans (y a trois ans de ça).
J'avais passé quelques années à être dans des postes différents, ce qui m'a aidé pour le travail de secrétaire général, par exemple j'ai été le rédac' chef de la revue « Hommes et Liberté » qui est la revue de la LDH. Ça me permettait aussi de travailler un peu sur le fond, et puis de rencontrer des gens.
J'ai été secrétaire général de 2015 à 2017, et depuis juin 2017 je suis arrivé au bout de mon mandat (à la LDH on ne peut pas cumuler les mandats, ils sont limités dans le temps : on s'applique ce qu'on réclame aux politiques).
On ne peut pas faire une « carrière LDH ». C'est 15 salariés, et 10 000 bénévoles.
J'étais donc arrivé au bout de mon mandat et ça m'a permis d'être moins pris par la pression du secrétariat général (un secrétaire général c'est quelqu'un qui fait « tourner la boutique » d'une certaine façon). Je me suis replié dans mon territoire toulousain et j'ai repris des activités locales (même si j'ai gardé des choses au niveau national, je suis encore au comité de rédaction de la revue) et je travaille pas mal sur des questions de formation, notamment la formation des militants.
Quand je raconte tout ça je fais beaucoup d'impasses, notamment sur ce qu'on a fait ici. Je dis « on » parce qu'on n'est que le produit de ce qui nous entoure. Seul on ne fait pas grand-chose. On s'est beaucoup engagé ici sur la question de ce qu'on appelait « les sans-papiers », là où aujourd'hui on va parler des migrants, et on a retrouvé à Toulouse cette fonction qu'avait historiquement la LDH : être la vigie et aussi une structure qui a la capacité de fédérer des gens. Comme on n'est pas partie prenante d'un certain nombre de choses, on n'est jamais suspects d'être au service de grand monde. Ça permet, du côté des « progressistes » (à une certaine époque on aurait dit « la gauche » mais « progressistes c'est bien plus euphémisé, moins compromettant comme définition), de jouer cette fonction-là en plus d'avoir la notoriété historique.
On a fait des trucs pendables aussi, des trucs sympas : on a aidé à régulariser beaucoup de familles sans papiers, avec d'autres associations très proches (on a passé une nuit à occuper la place du Capitole et on a bien emmerdé les services de la préfecture qui sont moyennement sympathiques à Toulouse). On a fait notre taf, et à peu près correctement. J'ai beaucoup aimé faire ce genre d'actions.
On a eu en face de nous des préfectures qui ont évolué en fonction des préfets. On a eu des préfets extrêmement ouverts. On a pu créer un tel rapport de force qu'on a pu faire des choses, y compris avec des gens qui étaient des préfets pas très sympas. Outre les services dans lesquels il y a vraiment des gens biens, y 'a des services où y a des gens très cons – voire un peu pervers même.
Pendant longtemps on a eu une mairie de droite molle, un peu comme celle que l'on a aujourd'hui (bien qu'il y ait quelques mecs un peu « durs » dedans). On n’a jamais eu en face des gens « saignants » à la mairie de Toulouse, c'était quand-même la droite bien-pensante, avec laquelle on n'a jamais rien laissé passer, mais on l'a toujours fait de manière relativement loyale.
On a eu un épisode avec une mairie « de gauche » avec laquelle on n’a pas fait de cadeaux quand il a fallu dire des choses désagréables, mais on a fait des trucs sacrément intéressants. On a notamment monté quelque chose qui s'appelait « La commission des libertés publiques », une expérience où on croisait des débats entre les élus et la société civile sur des questions de sécurité publique (par exemple la question des caméras de vidéo-surveillance, le fichage des gens dans le cadre municipal, la question de la prostitution et de la répression sur la ville...). On a fait des trucs intéressants sur cette petite période (qui ont bien entendu été noyés).
Dans le contexte politico-local on a eu un conseil départemental PS avec qui on a cohabité, sans trop de choses en commun (sauf ces dernières années où on travaille beaucoup avec les jeunes dans les collèges via le Conseil Général). Pour le reste on a simplement cohabité.
On a beaucoup travaillé en tant que partenaire avec d'autres associations, comme par exemple avec la CIMADE sur la question des sans-papiers. On a eu une attitude relativement ouverte et constructive avec des associations, quand elles ont joué le jeu : celui de « je travaille avec toi mais je n'essaye pas de te doubler », parce que ce jeu existe.
La LDH a une caractéristique c'est d'être généraliste, et y en a peu des structures généralistes. La CIMADE c'est le droit des réfugiés, Amnesty Internationale comme son nom l'indique c'est l'international, l'OIP c'est les prisons... Nous on a l'avantage et l'inconvénient d'être sur tout, donc a priori concurrentiels avec personne sur un créneau. Après y a des trucs qu'on n'a pas fait avec des associations quand on a estimé qu'elles venaient un peu dans la série « pousse-toi de là que je m'y mette, et je vais te montrer ». Autant je pense qu'on a été ouverts, autant à des moments donnés on a signifié à des gens que ça n’allait pas. Mais chaque fois qu'on a pris l'initiative de choses, on a fédéré largement.
Par exemple aujourd'hui même, ce soir, y a une réunion unitaire à l'appel du Réseau Education Sans Frontières (RESF), de la CIMADE, de la LDH et autres, pour monter un projet qui s'appelle « Les états généraux des migrations », on va avoir du monde...Y a quelques mois on a accueilli à Toulouse pendant trois jours la caravane des réfugiés basques (des prisonniers), et c'est nous qui avons pris l'initiative. Les autres associations sont venues, les gens étaient nombreux, et quand ils sont pas venus ils nous ont dit « on ne vient pas parce qu’on est complètement dépassés par d'autres actions mais si y a besoin d'une signature ou autre on est là ».
Voilà, on est sur cette position là – avec des fois des accrocs bien sûr.
La signature de la LDH – à tort ou à raison- ça pèse. Un préfet ne peut pas s'asseoir sur la LDH. On est recherché, avec toutes les difficultés que ça engendre, notamment celle de ne pas pouvoir tout signer. On est en soutien d'un certain nombre de choses, y a une association qui a aujourd'hui un squat à Toulouse dans lequel ils accueillent des mineurs non-accompagnés retoqués par le Conseil Général (il s'agit du Collectif AutonoMIE), on est en soutien avec eux depuis le début, mais il y a des choses qu'ils disent parfois avec lesquelles on n'est pas d'accord, et on leur dit. Malgré ça on signe un appel, voire plus des fois si on considère qu'il faut soutenir, mais si on veut se démarquer de certaines choses qu'ils disent, on fera un appel signé LDH en tant que tel.
Je pense qu'on est assez cohérent et correct là-dessus. On a toujours été au clair, avec des séances rudes d'explications de gravures avec des organisations en disant « il faut qu'on se parle parce que ça ne va pas le faire ». C'est pareil avec les syndicats. Chacun peut penser ce qu'il veut des syndicats mais bon. Le mouvement « Génération d'Hamon » nous propose de participer bientôt à une table ronde sur la question des lois sécuritaires. On va partout, sauf si c'est le Front National. On va partout et on dit ce qu'on a à dire. Il n'est pas exclu qu'à la table ronde chez Hamon je dise (parce que là c'est moi qui intervient pour l’association) des choses qui vont heurter des gens dans la salle mais on les dira ! C'est ça qui me plaît à la LDH.
Avoir des divergences avec des gens avec lesquels on n'est pas d'accord – qui sont éventuellement des gens qui sont des adversaires, je pense à la droite « classique », que je considère comme des adversaires de position politiques, ce n'est pas un problème. Le FN c'est différent, ce sont des ennemis. La LDH a été décimé par des gens qui sont aux fondements du FN. Une bonne partie de Comité Central de la LDH a fini dans des camps de concentration. Le Président de la fédération de la LDH de la Haute-Garonne s'appelait François-Verdier a été assassiné par la gestapo dans la forêt de Bouconne. C'est pas hystérique, c'est froid comme analyse. Ce sont des gens qui sont sur des valeurs opposées aux nôtres, qui sont des valeurs inégalitaires, xénophobes, qui s'assoient sur la Déclaration des droits de l'Homme. Il se trouve que pour nous c'est identitaire. Donc on n'y va pas, parce que c'est dangereux. C'est très facile de dire « regardez : faites l'équation entre le nombre d'étrangers et le nombre de chômeurs et vous voyez où est la solution à la crise du chômage en France ».
Ça prend 3 secondes, et en flattant le cerveau reptilien de la personne qu'on a en face il va coller à ce genre de propos. Nous on va être obligés d'expliquer que ce n'est pas vrai, que c'est pas comme ça que ça se passe, et qu'à un moment donné les Droits de l'Homme c'est faire un petit effort sur la réaction reptilienne justement, pour dépasser un certain nombre de trucs. Donc on n'y va pas.
Le SCALP à Toulouse c'est l'ultra gauche actuelle. Il faut voir le film « Gérard et les indiens » de Nicolas Réglat qui évoque les débuts du SCALP, d’un point de vue d'un mouvement anarchiste dans sa version la plus sérieuse.
Les anarchistes ont toujours été historiquement proches de la LDH (et la LDH a souvent défendu au nom de la liberté d'expression, des gens qui étaient anarchistes). Quand le SCALP s'est monté à Toulouse y avait SCALP, Ras le Front, et puis la mouvance humaniste de gauche avec des gens soucieux de ne pas se retrouver manipulés par l'extrême gauche et par les provocations de l'extrême droite. Leur prudence était d'ailleurs souvent proche de l'absence. La LDH, petite à l'époque (dans les années 80), s'est retrouvée à côté du SCALP. Pas forcément dans un soutien systématique de toutes leurs actions – qui étaient parfois du grand n'importe quoi!).
Mais la LDH – qui ne pesait pas très lourd à l'époque, a été à côté du SCALP, en s'insurgeant contre les poursuites judiciaires qu'il y a pu avoir, avec aussi une proximité de position sans trop de problèmes. A l'époque, en face de Le Pen il y’avait des organisations auxquelles on ne pourrait pas penser aujourd'hui. Par exemple il y avait une partie des organisations de la Communauté Juive Toulousaine. Sans faire de l'angélisme en disant que c'était mieux avant, y avait un minimum d'unité sur ces questions-là.
Le Pen était donc venu au Stadium et on avait décidé de se mettre un brassard blanc et de remplir une fonction d'observateur sur la manière dont ça allait se passer entre les manifestants et les flics (y avait une manif qui partait de Saint-Cyprien et qui arrivait au fer à cheval, alors que de l'autre côté y avait le meeting Le Pen).
Je me rappelle, avec mon brassard blanc- avoir pris deux coups de matraques sur la tronche par les flics. Donc non seulement j'ai pas observé, mais j'ai pris sur la gueule, ce qui m'a valu d'ailleurs une ovation le lendemain par les étudiants auxquels je donnais cours. On ne pesait pas lourd à l'époque, on était 6 ou 7 actifs. Là on est entre 150 et 200, donc on pèse différemment. Mais on a toujours été présents dans le travail contre l'extrême droite. Forcément qu'on était là-dedans. Nous on est nés avec l'affaire Dreyfus, et à un moment donné c'est toujours les mêmes qu'on a en face. Des gens qui ont condamnés Dreyfus parce qu'il était juif alsacien.
Quand Le Pen est venu, à la fin des années 80 (à la fin du SCALP), il y avait une partie des gens de Ras l’Front qui sont venue à la LDH (Ras le Front s'était dissout aussi) parce que c'était l'endroit où on pouvait lutter contre l'extrême droite. A Toulouse y avait dans l’association un groupe extrême droite assez fort, avec un observatoire de l'extrême droite.
J'ai fait partie du petit groupe de personne qui a monté RESF Toulouse. Ça a bien fonctionné entre les gens. Y avait Yamina Vierge, la déléguée de la CIMADE de l'époque, les syndicats d'enseignants avec la FSU, y avait la FCPE....à Toulouse ça s'est beaucoup organisé autour de ce » pôle là avec une confiance absolue les uns vis-à-vis des autres, un bon partage des tâches et une cohérence du petit noyau qui a vraiment animé le boulot qu'on a pu faire. Y a eu beaucoup de parrainages républicains, on a beaucoup fait parrainer des familles par des municipalités, avec un vrai partage des tâches. C'était vraiment la LDH qui allait interpeller des élus, parce que la LDH ça leur parle différemment.
On a mobilisé plein de gens du monde de la culture – des gens très connus- et on a « humanisé » les sans-papiers auprès de la population. Ce qui était terrible avec l'opinion publique, c'est-à-dire la représentation qu'avaient les gens des sans-papiers, c'est que ces gens étaient vus uniquement comme des sans-papiers. Il fallait que les gens les voient comme des personnes « comme eux ».
Les petits déjeuners dans une école par exemple. On monte un petit déjeuner et on dit « vous savez que ces gens sont sans papiers ? ». On a fait ça plus tard aussi avec le Droit Au Logement (DAL). La plupart des gens ne savaient pas, et du coup tout le monde signait, et ça créait des parrainages. Y avait des gens vachement engagés avec qui on faisait des arbres de Noël des sans-papiers au Bikini. Hervé nous accueillait au Bikini et on faisait du spectacle avec le Lido, y avait les familles, les gens faisaient des gâteaux, les journalistes venaient... On avait des positions très claires.
La préfecture a lâché du lest aussi. Ils ont régularisé quelques familles. Notre position a été très cohérente, on a dit « vous régularisez qui vous voulez individuellement, mais on ne lâchera rien sur le collectif ». On a, en quelque sorte, éduqué les gens de la préfecture. Ils n'ont plus joué à ça parce qu'ils savaient qu'on ne lâcherait pas sur le collectif pour en sauver quelques-uns. Nous on prend fromage et dessert. Après on va négocier dans le bureau du préfet la régularisation d'une famille, on va se la boucler, et on continuera à foutre le bordel sur les autres. Je pense que ça a été efficace. Y a des gens qui s'en sont sortis. C'est une époque où on a fait du bon boulot. Chacun était effectivement bien à sa place.
RESF est encore là, mais je crois que ça s’essouffle au bout d'un moment. Les personnes qui étaient à l'initiative sont plus ou moins parties. Moi j'en suis parti, avec la LDH j'ai eu des missions nationales, Yamina a eu des responsabilités à la Cimade. C'est extrêmement dur, et un certain nombre d'associations ne s’en rend pas compte (de mon point de vue). Ca parait facile alors que c'est du boulot. Il faut voir qu'avec RESF c'était une réunion tous les 15 jours avec l'ensemble des partenaire RESF.
Les flics sont maîtres chez eux.
Alors nous, on a mis en place ce genre de choses-là (observateur). On se balade dans les manifs avec un gilet jaune siglé LDH, et avec la fondation Copernic. Les flics sont prévenus avant car on leur dit « dans la manif vous allez avoir des gens avec ça, ce sont des observateurs, vous faites ce que vous voulez mais voilà, c'est comme ça ». Et ça c’est en train d'être mis en place systématiquement.
Le but étant d'arriver à construire un processus d'observation et de tirer des analyses.
Cela fait plusieurs années qu'on est sur quelque chose qui est très compliqué : la relation entre la police et les personnes qui vivent dans des habitats sociaux. Que ce soit le contrôle au faciès et le rapport au quotidien. C'est quelque chose sur lequel on essaye d'avancer mais qui est très compliqué.
Par exemple, le récépissé, comme ce qui est expérimenté en Espagne. Il y a des statistiques derrière qui montrent bien qu'il y a des effets positifs.
En gros quand je te contrôle, je te donne un récépissé qui indique que je t'ai contrôlé mais ce qui est intéressant c'est qu'ils donnent le motif du contrôle. Autrement dit, il faut que le flic justifie le contrôle.
C'est là que c'est terrible, ceux qui ne veulent pas ce sont les flics alors que toute les expérimentations (que ce soit au Etats-Unis en Angleterre ou en Espagne) montrent que ce n'est pas plus contraignant que le reste et ça fait baisser quasiment de moitié les contrôles.
La seconde chose, c’est que ça créé un rapport différent entre les flics et la personne qui est contrôlée.
Ils nous font le coup du caméra/piéton, mais on l'ouvre et l’éteint quand on veut. Pour le moment les flics ne sont pas tenus de donner le motif du contrôle et pour nous c'est embêtant, car c'est un principe de droit. C'est à dire que l’exception doit être le contrôle. Ça ne peut pas se faire comme ça, il faut une raison.