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Présentation du collectif AutonoMIE

Autonomie·dimanche 2 avril 2017

Signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant, l’Etat français doit protection à tou-tes personnes mineur-e et isolé-e quelle que soit sa situation administrative.

Mais le 12 avril 2016, les élus du Conseil Départemental de la Haute Garonne, chargé de faire respecter cet engagement, ont voté à l’unanimité et en présence de plus de 200 CRS et de la BAC, le plan « Protection Enfance 2020 ». Cette délibération a eu différentes conséquences :

- l’arrêt de la prise en charge hôtelière pour les femmes accompagnées d’enfants âgés de moins de trois ans

- l’arrêt de la prise en charge hôtelière pour les nouveaux arrivants mineur-es isolé-es étranger-es

- l’arrêt de financement des contrats jeunes majeur-es (prolongation de la prise en charge des jeunes placés sous la protection de l’enfance jusqu’à l’âge de 21 ans).

 

Face à cette situation dramatique, des permanences quotidiennes s'organisent dans le hall du conseil départemental.

Au cours de ces permanences, 36 jeunes ont pu bénéficier d’un accompagnement, alors que le conseil départemental avait pris à leur encontre des décisions de « non prise en charge ». Concrètement, le juge des enfants a placé ces jeunes jusqu'à leur majorité et a obligé le conseil départemental à exercer sa mission de protection de l’enfance.

Lors de ces permanences, nous avons aussi rencontré 172 jeunes qui avaient des prises en charge hôtelières (antérieures à la décision du 12/04/16). Face à cette situation, où le département ne couvrait que deux des trois obligations à sa charge : le gîte (hôtel) et le couvert (2 tickets flunch quotidien), mais pas la scolarisation, 82 jeunes ont deposé des requêtes auprès de la Juge des Tutelles des mineurs ainsi que pour les autres pour qui ces décisions s’appliquent. Cette lutte a ainsi permis à 158 jeunes d’accéder à une prise en charge en MECS. À ce jour, il reste 10 jeunes à l’hôtel avec une mise à la rue prévue en avril.

 

Trois mois plus tard (juillet 2016) était créé un dispositif, le DDAEOMIE (Dispositif Départemental d’Accueil d’Evaluation et d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), dont l’objectif est de déclarer majeur-es 80% des migrant-es après plusieurs jours d’interrogatoires et d’humiliations. (Lire ici le témoignage édifiant d'un jeune Camerounais.)

 

Mission réussie pour le dispositif sous-traitée à une association, l’ANRAS. Neuf mois plus tard, c’est pas moins de 250 mineur-es isolé-es originaires du Cameroun, du Mali, de Guinée Conakry, du Sénégal, de Gambie... qui ont été jeté-es à la rue sans aucun accompagnement.

Malgré le traumatisme et l'usure liés au départ contraint du pays et au voyage sans fin, les jeunes se lancent alors dans une ultime épreuve, faite d'injustice et de racisme institutionnel, pour faire valoir leurs droits par l'Etat français. Ils et elles saisissent la juge des enfants pour faire reconnaître leur minorité.

Ne comptant plus que sur la solidarité, ils et elles s’organisent depuis un an maintenant au sein d’un collectif, AutonoMIE.

Tous les lundis apres-midi, nous nous réunissons à La Chapelle (36, rue Danièle Casanova) pour nous compter, nous répartir la nourriture et les habits que nous avons pu récupérer ici et là et faire le point sur la situation juridique de chacun-e.

Nous avons besoin d’argent pour acheter des produits de première nécessité (hygiène, sous-vêtements...), des tickets de bus, des antivols pour les vélos que l’on nous donne, de l’essence pour se rendre aux différents consulats qui sont parfois à Bordeaux ou à Paris...

Venez nous rencontrer à nos permanences du lundi, nous avons besoin d’aide pour organiser des soirées et des bouffes de soutien, accompagner des jeunes à leurs rendez-vous médicaux, faire de la récup...

SOLIDARITE AVEC LES MINEUR-ES ISOLE-ES ETRANGER-ES !

autonomie@riseup.net

https://www.facebook.com/autonomie31/

Ci dessous un courrier écrit par les jeunes qui souhaitent exprimer leurs situations.

Salut Madame, Monsieur,

Nous vous informons de notre situation. Nous sommes des jeunes migrant-es isolé-es qui ont traversé des kilomètres et des kilomètres de désert et la mer Méditerranée. Nous sommes très inquiet-es depuis le 4 juillet 2016 car le DDAEOMIE a mis dehors environ 200 jeunes à la rue. On ne sait pas quoi faire pour ces jeunes seul-es car il y en a qui sont malades, qui n’ont pas de quoi manger et s’habiller... C’est très difficile pour nous cette situation de précarité et sans logement. C’est pourquoi nous vous demandons votre aide pour des hébergements de un jour à trois jours, une semaine... selon vos disponibilités. Nous sommes dans des procédures juridiques afin d’accéder à nos droits et cela prend un peu de temps.

Nous avons besoin d’hébergement d’urgence ou bien vous pouvez nous inviter à manger.

Merci.

"Nous sommes tous dans le même bateau et nous ne pouvons pas laisser les autres se noyer sans rien faire"


La mairie de Toulouse, par l’intermédiaire du cabinet de Jean-Luc Moudenc, a fait une proposition aux 40 jeunes mineurs isolés occupant le bâtiment du 75 rue Glacière. La mairie se propose de gérer l’ancien hôtel via une convention d’occupation et de mettre en place avec le département de la Haute-Garonne et la préfecture un "accompagnement" ressemblant étrangement à ce que fait déjà le DDAEOMIE. Mais cette proposition ne s’adresse qu’aux 40 jeunes vivant sur place et ignore la 60aine d’autres jeunes hébergés chez des personnes solidaires…

Suite à une assemblée où la prise de décision s’est faite entre personnes concernées (uniquement des mineurs isolés étrangers), voici la réponse des jeunes, voici la réponse du collectif AutonoMIE.

« Nous sommes les mineurs isolés du collectif Autonomie. Nous tous, nous sommes dans la même situation. Nous nous sommes réunis ce samedi pour discuter de la proposition de la Mairie pour gérer le bâtiment du 75 rue Glacière. Après une heure de discussion entre jeunes, en Français et en Bambara, nous avons décidé de dire non à cette proposition.

Nous n’acceptons pas cette proposition parce que nous ne voulons pas voir des mineurs isolés pris en charge alors que d’autres sont dans la rue. Nous tous, nous avons été abandonnés par le DDAEOMIE. Il nous a jetés à la rue. Le DDAOEMIE n’a pas reconnu notre minorité, malgré les preuves que nous avions. Des jeunes sortent du DDAEOMIE tous les 5 jours de la semaine. Demain, ça continuera.

Quand nous allons chez des hébergeants, c’est pour un temps bien déterminé, temporaire. À un moment donné, ils n’arrivent plus a nous accueillir. Une fois partis de chez les hébergeants, nous n’avons nulle part ou aller. Nous avons besoin du bâtiment pour que personne ne dorme dehors.

La Mairie nous a proposé d’associer le Département et la Préfecture pour gérer le bâtiment. Mais nous ne voulons pas d’un deuxième DDAEOMIE. Si l’évaluation du Département nous qualifie comme d’habitude de majeurs, la préfecture nous obligera à quitter le territoire français.

Dans ce bâtiment, nous avons une salle de classe qui nous permet d’apprendre à lire, à écrire, à calculer. Les 100 jeunes mineurs isolés du collectif participent à ces cours. Si nous disons oui à la Mairie, nous laisserions les 60 autres jeunes sans possibilité d’apprendre, en attendant d’aller vraiment à l’école avec la prise en charge.

Avec tout le respect que nous devons, nous ne voulons pas d’une proposition qui ne concerne que 40 jeunes. Notre espoir, c’est que les 100 jeunes soient pris en charge et aient une vie stable.

Nous avons dit non ! Non pas parce que nous n’avons pas envie de travailler. Non pas parce que nous n’avons pas besoin d’aide... Nous avons dit non parce que nous avons le droit de ne pas être d’accord avec la proposition de la Mairie.

Nous sommes venus ici. Nous voulons vivre ici. La France est un pays de droit. Nous voulons que nos droits, ceux de tous les mineurs, soient reconnus.

Nous savons que, en faisant cela, nous allons aller au tribunal et vivre avec le risque d’être expulsés du bâtiment. Mais nous sommes tous dans le même bateau et nous ne pouvons pas laisser les autres se noyer sans rien faire.

Alors, les 40 jeunes et les 60 jeunes se donnent la main pour dire non.

Les jeunes du collectif AutonoMIE »

Avec cette réponse, les jeunes du collectif savent que la procédure d’expulsion continue. Ils donnent rendez-vous à toutes les personnes solidaires le vendredi 6 avril, à 9h devant le tribunal d’instance (40, avenue Camille Pujol, métro François Verdier).

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