RESF : Un toit pour apprendre - Pamela

"Je m'appelle Pamela, j'ai 8 ans, je suis en CE2 et je vis à l'hôtel depuis 1 an".

"Quand je suis arrivée en France en 2017, avec mes parents et mon petit frère, nous vivions dans la rue et j'allais à l'école mais personne n'était au courant de ma situation".

Aujourd'hui, Pamela vit à l'hôtel depuis 2018 avec son petit frère Pavlo et ses parents.

Les parents et les enfants représentent 4 personnes. La loi exige que le logement doit comporter au moins une pièce principale présentant : une surface habitable de 9 m². Ils occupent donc 2 chambres dans un petit hotel près de la gare.

"Nous venons d'Albanie. C'est mon pays mais je ne m'en souviens pas. Je me souviens quand on a pris le train à Perpignan, c'était la première fois que je le prenais et c'était pour venir à Toulouse".

"l'Albanie ? C'est pas sur la carte."

" Mon petit frère confond le E et le U en français (parce que en Albanais ça se ressemble), mais moi, je ne connais pas l'alphabet Albanais. Avant de s'endormir, il lit les lettres de l'alphabet, il dit que c'est important pour lire et pour écrie".

"Entre nous on parle français sauf que des fois je parle albanais quand ma mère ne comprend pas. Je fais la traduction mais des fois je ne comprends pas les mots qu'elle dit quand ils sont un peu compliqués. Ça arrive souvent".

"A Perpignan, la police a demandé à la fille qui nous protégeait s'il y avait du monde aujourd'hui et elle, elle a dit « non, il n'y a personne » parce qu'on était cachés. Après on est repartis chez des amis de ma mère. On a dû fuir en cachette. C'était la nuit".

"Je fais mes devoirs à l'école et à la maison toute seule mais maman m'aide si j'ai besoin d'aide".

Par manque d'espace, il est difficile pour Pamela de faire ses devoirs au calme. Pavlo ne peut pas jouer dehors par crainte d'un contrôle.

Leurs parents ont quitté l'Albanie à cause d'un différend avec un voisin qui voulait leur terrain. Après plusieurs menaces de mort il s'en ai pris directement à eux physiquement. Il était temps de fuir.

"Les mercredis je vais au « secours catholique ». Là-bas on y apprend à lire et à écrire et à faire les devoirs. Après quand on a fini, on prend le goûter. J'aime bien y aller".

" Pendant ce temps, mes parents vont signer à la police. Je ne comprends pas pourquoi ils signent. Je me souviens qu'à Perpignan ils signaient et je n'aimais pas y aller. Ce n'était pas bien parce qu'ils voulaient nous ramener en Albanie".

Madame L. prend des cours pour perfectionner son français.

Un jour, Monsieur L. est arrêté sur son lieu de travail lors d'un contrôle par la gendarmerie. Le Réseaux d'Education Sans Frontière qui suit la famille est aussitôt mobilisé.

Un petit "déjeuner" est mis en place pour faire connaitre la situation de la famille dont les enfants sont scolarisés dans l'école. Signature de pétition en soutien à la famille.

La mobilisation est importante. Même la presse est présente.

Après plusieurs jours en centre de rétention, Monsieur L. va passer devant le Juge Des Libertés pour savoir s'il est maintenu en Centre de Rétention Administrative ou s'il est relâché.

Trop risqué pour sa femme, elle ne viendra pas à l'audience par peur d'être arrêtée elle aussi.

Tout le RESF 31 est là et assiste à l'audience.

Menotté dans le dos, Monsieur L. attendra le délibéré du JDL en CRA.

Monsieur L. garde le sourire malgré tout pour ne pas laisser parraître son inquiétude.

Monsieur L. sera relâché quelques heures plus tard.

Une procédure de demande de titre de séjour est en cours à la préfecture.

"Plus tard, je voudrais être policière. Comme ça, j’envoie des papiers français à mes parents pour qu'ils restent en France.

Je voudrais savoir pourquoi quand on rentre de l'école et qu'on passe par Jean Jaurès il y a les policiers qui contrôlent les sacs des gens ? C'est ça que je veux savoir. Et moi j'ai peur d'être contrôlée. S'ils nous demande les papiers français et qu'on n'en a pas, j'ai peur qu'ils nous renvoient en Albanie.

En Albanie, il y a des gens qui étaient méchants et qui voulaient tuer mon père alors j'étais triste et on est venus en France (Perpignan puis Toulouse)".