Frédéric Navarro | ben-art-core

Frédéric Navarro

Membre d'Act Up Paris depuis 1992

Président d'Act Up Paris - 2011/2012

Co Président - 2012/2013

"57ans et 31 ans de vie avec ce putain de virus.

En 31 ans, je suis rentré 7 fois en phase de ce qu'ils appellent Sida déclaré".

Christian, rencontré en 1992, vient d'apprendre qu'il lui restait 3 mois de vie je lui ai dit, « je prends ».

On a fait 18 ans ensemble il est mort en 2010 d'un arrêt cardiaque intensif.

Pour les obsèques de Christian, le 4 Août au matin, on arrive très tôt volontairement avec Nadine (Sœur de Christian) et l'équipe d'Actupien (qui était avec moi à Viennes qui ne m'avait pas lâché dès que j'ai su que Christian était mort), à l'institut médico-légal pour devancer la mère afin d'avoir le temps d'aller saluer mon mec. Ce qui m’importait, c'était de rendre hommage à cet homme que j'ai aimé éperdument, sans que rien ne me percute ou ne me perturbe et je voulais lui rendre hommage. Point. Du coup je m'étais bien barricadé (mentalement).

« Mr Navarro allez saluer votre compagnon », terrible, je rentre dans la salle où il était exposé, j'étais tout seul, il y avait son cercueil et son cadavre. Ça daubait la viande avariée, mais quand je te dis, ça daubait, ça daubait ça te prenait à la gueule.

Je vois mon mec avec des taches de décomposition sur la gueule.

Et là, je me rappelle une histoire qui avait été déjà racontée à Act Up, l'interdiction des soins de conservation du corps de mort du sida et porteur d’hépatite viral. Ça la société ne le sait pas. Les séropositifs sont des sous-citoyens jusque dans la mort. Comme si ont était trop crades trop sales, on ne nous touche pas, même pas un coup de maquillage.

J'ai eu plein d'idées, genre de prendre une photo. Au moment d'appuyer je me suis dit si tu appuies tu pètes un câble, tu deviens fou du coup je ne l'ai pas fait, je voulais renverser son cercueil mais je me suis dit, non tu va lui faire mal le pauvre... réellement c'était atroce, et en gros, ce que je recevais comme message de la société, c'est « vous avez des vies tellement de merde qu'on vous laisse dans cette merde, partez comme vous êtes, dégagez de là ».

Conférence internationale du SIDA à Washington - 2012

Poster: Déroulé d'une situation spécifique aux séropositifs: interdiction des soins funéraires.

La journée internationale du sida, à lieu tout les deux ans et jamais dans le même pays, t'as tous les activistes du monde qui y sont.

C'est grâce à Act Up New York et Paris que les activistes ont eu accès à ces conférences internationales où on parlait des malades du sida sans avoir invité les malades, c'était réservé à la communauté scientifique au départ. Si on avait pas imposé d'en être, ils parlaient à notre place pour dire des conneries.

Marisol Touraine débarque dans le village associatif avec tout son staff et Jean-Luc Roméro « président des élus locaux contre le sida » qui milite aussi pour le droit à l’euthanasie, était son chaperon pour la conférence. Elle vient au stand français du sida et s'assoie dans un canapé avec JL Roméro. Là je déboule avec des activistes d'Aides, Act Up, des asso de lutte contre le sida, SOS Homophobie, je lui présente le courrier qui sortait soit disant de son ministère.

Je lui présente cette lettre et je lui demande de la signer sur le stand. On était une trentaine de militants et chacun avait ce courrier.

Je lui dis « Madame Marisol Touraine, voulez-vous bien signer ? » elle se lève et me dit « excusez moi, ce serait trop facile, je ne peux pas il me faut l'accord du ministre de l’intérieur, du ministère de la santé (elle) du ministère du travail »... heureusement que je suis non violent, j'avais envie de lui retirer son sourire.

C'était en 2012, nous n'avons pas cessé de la re-solliciter, on allait travailler au ministère en inter-associatif avec la directrice générale de la santé pour écrire les textes de loi qui n'ont jamais été écrits, par ce qu'en fait, c’était un arrêté qui avait été re-validé en 1998 comme ils ne savaient pas encore trop comment fonctionnait ce virus, ils avaient préféré mettre cet arrêté qui interdisait les soins de conservation du corps, mais depuis ça était démontré par la communauté scientifique, il n'y a pas de risque quand tu meurs parce que quelques minutes après ton virus est mort aussi.

Les textes sont prêts, ils ont été vendus par tous les conseillers, mais il faut la signature et on vient de rechanger de ministère, mais bon, a priori, ça va pas être si compliqué que ça.

Don de sang : Pour les homos, c'est toujours pas possible, oui c'est autorisé, tu peux donner ton sang mais il faut un an d'abstinence sexuelle, si l'église m'avait dit ça, elle se serait pris plein de faux sang sur la gueule. Là c'est l'état qui nous le dit et il n'y a pas de réaction, merde !

Nous PD, on n'a pas le droit, comment tu vérifies ? C'est quand même aberrant ! Comment tu vérifies ?

Washington, le 25 juillet 2012

Objet : Modification de l'arrêté du 20 juillet 1998 : levée de l'interdiction des soins funéraires aux personnes décédées infectées par le VIH/SIDA et les hépatites virales.

Je soussignée Marisol Touraine, Ministres des Affaires Sociales et de la Santé, déclare par la présente la levée de l'interdiction de réaliser des soins de conservation pour les personnes décédées infectées par le VIH/SIDA et les hépatites virales.

Marisol Touraine

"Triumeq ça me fait délirer juste par rapport au nom, Triomec, je me sens moins seul."

C'est pas beau ! J'en prends une pilule par jour depuis 2 ans et demi, mais rien à voir avec les traitements précédents. J'en ai pris jusqu'à 30 comprimés par jour et bien plus balaises en taille dons certains à garder au frigo. Quand tu pars en balade, bonjour l'ambiance. J'ai souvenir d'être parti dans un pays où c'était interdit de circuler avec. J'ai du changer les gélules de bronzage par mes médicaments.